Appuyé contre la vitre

Crédit Photo Dominique Kret

Petit train, voyageur bien confortablement installé regarde par la vitre la projection d’un paysage crée de toutes pièces par tous les paysages déjà vus, résidus de projections eux-mêmes-déjà vus-prémâchés-régurgités. Fermer les paupières aiguise l’ouïe. Joue chaude contre la vitre glacée. Un parfum de chien mouillé dans les narines. Petit voyageur dans le grand train de l’instant. Plongée dans le moire. Caresse des joncs pendant l’apnée visuelle. Ondes et vibrations agitent et bercent. le vent des profondeurs exhale son haleine bise qui se brise sur le front têtu, se brise, le brise l’embrasse, le brasse l’érode, le poli, bonjour le bel œuf de dindon farci. Doliprane ta gueule paracétamol merde ! Attendre que les pensées se fanent comme de vieilles biques télévisées d’idiotie. Attendre que les poumons se vident et se remplissent à nouveau Attendre que le serpent s’éveille et bouge dans le slip Attendre au creux des reins la marée montante Attendre et puis se lever soudain danser Attendre à se faire mal d’attendre Alors trembler de rage de trouille d’envie de chier de pisser,d’un café d’une clope d’une fille d’une cote d’une entrecote d’un bain de boue de rien De rien enfin bouger sauter Soudain non quand même pas aimer comme d’autres n’ont pas aimer ne pas prendre la file, se défiler héritage de naufrages Tout ce bordel de nichons et de culs jamais vraiment touchés, Toujours tripotés, tripatouillés, agrippés comme des bouées , poupées gonflantes de l’idée fixe. tout ce qu’il faut dégonfler encore après s’être dégonflé Alors non quand même pas aimer Sauter par dessus l’amour à la con Baiser la vitre la lécher laper son froid dur La faire fondre à coup de buées, la rendre molle, continuer elle va s’ouvrir et happer Enfin passer, traverser, aller encore plus loin au fond tout au fond de la gorge du non dit, du nom de Dieu ! Un vide sans fond long et long et encore plus une chute ou un envol à l’envers du décor un salto à l’endroit où l’envers se redresse fier comme un pieu en creux tout le désir qui luit dans la terre meuble labourée sans haie, démembrement oblige alors seulement madame la contrôleuse arrive Monsieur, votre titre de transport s’il vous plait ?