Il n’y a pas de petite exposition

Après cette magnifique exposition au Prieuré de Salaise sur Sanne, dans l’Isère et le succès rencontré, mon calendrier d’exposition m’emporte vers d’autres lieux d’exposition qui d’emblée pourrait apparaître moins reluisants. Cela peut étonner, mais j’ai réfléchi sur ce constat de passer ainsi d’un lieu l’autre si différent, en me demandant si cela ne portait pas préjudice finalement à mon travail. En fait la seule chose qui change, est la valeur perçue de mon travail par le public, cela ne change en rien la valeur de celui-ci.

Pour avoir obtenu récemment quelques contacts que je pourrais considérer comme « importants » notamment deux lieux d’expositions prestigieux des environs, la proposition de participer à un salon réputé dans le sud de la France, et l’intérêt qu’une galerie parisienne porte à mon travail, j’ai tout de suite décelé une sorte d’inquiétude, une intranquillité pour reprendre les mots de Pessoa qui comme un réflexe pavlovien me tombait dessus. En comprenant que c’était uniquement moi qui établissait des hiérarchies d’importance en matière de lieu d’exposition, je me suis demandé si ce n’était pas une erreur magistrale. Car s’il est vrai que ces lieux divers ne drainent pas le même type de public, mes tableaux quant à eux sont toujours les mêmes. Ce ne sont que les regards, les points de vue qui changent et cette  » valeur perçue » que l’on peut attribuer à chacune de ces œuvres qu’elles soient éclairées par le décor, servies ou desservies par celui-ci.

Evidemment que j’ai toujours pensé que mieux elles seraient servies mieux ce serait pour elles. Un bon éclairage, des murs blancs,des volumes qui n’écrasent pas les toiles, un accès simple pour que la rencontre avec le public s’effectue sans soucis..Bien sur que tout cela compte pour la réussite d’une exposition.

D’un autre côté que tout ne soit pas parfait me fait beaucoup travailler ma manière personnelle de reconsidérer mon travail. Si le tableau n’a pas sa propre luminosité interne, qu’il soit bien ou mal éclairé de l’extérieur n’y change pas grand chose et c’est ainsi que je suis parfois entré en désamour par rapport à certaines œuvres qui ne passaient pas l’épreuve des éclairages divers.

Ainsi nonobstant les idées que l’on peut concevoir sur un lieu d’exposition, celui ci entre en dialogue avec le travail du peintre, il peut soit exagérer le rendu initial soit l’abaisser et ceci n’est pas en relation directe avec la qualité du lieu. Il m’est arrivé dans de très beaux lieux d’avoir des éclairages trop tapageurs sur lesquels je ne pouvais intervenir et dans d’autres café associatifs lointains et perdus, retrouver soudain la sensation de l’oeuvre telle que je l’avais laissée et qui au cours des voyages s’était amenuisée.

Ainsi en tant que peintre j’aurais tendance à penser désormais qu’il n’y a pas de petite exposition et par réciprocité cela me délivre de songer qu’il puisse en exister de grandes.