
Au début c’est un caillou, un vulgaire caillou.
Quelque chose d’éperdu comme une luminosité enclose et qui cherche à se séparer de l’insupportable matière.
Alors s’amène l’envie.
Et c’est par ce vecteur que la lumière jaillit peu à peu.
Tout ce qu’à l’autre est cet aimant que l’envie frotte, excite, jusqu’à l’insomnie, la dévoration du temps et de ses préoccupations.
L’usure, l’érosion, celle des vents, des eaux, des plaisirs vite satisfaits, mal satisfaits,
font naître la guerre peu à peu
Pour un oui
Pour un non
L’envie grandit se transforme en jalousie.
La jalousie a un appétit d’ogre, sans arrêt, partout où le regard se porte, le caillou devenir pierre de taille traverse la douleur de l’être confondu dans l’avoir.
Posséder devient le maître mot de la jalousie
Des courses folles dans la nuit noire,
Des métamorphoses sans relâche conduit l’enfant vers la mégère, la harpie, la déesse mère et la putain pour s’approprier le zizi d’un immense papa cosmique rêvé, et jalousé.
Puis les millénaires passent
Le caillou dort entre les mondes.
Dans la banalité des mondes
s’érode encore et encore
et un matin on ne sait pourquoi naît la première admiration.
comme un crocus en plein hiver.
Un crocus qui retrouve le beau narcisse
qui admire et s’admire tant et tant
au travers de toutes les admirations
Une jouissance à répétition, un prisme décomposant l’admiration en mille et un regards
Une jouissance du vent qui fait trembler le cheveu, le poil, la lèvre supérieure.
Encore du temps à regarder la surface crée par toutes les admirations
Puis tombe l’ennui épais soudain
L’hiver du diamant est cette attente qui le féconde encore plus loin
qui l’emporte dans le fil des jours ce formidable joaillier.
toutes les admirations dans un dernier éclat fusionnent alors
dans un abandon de garce ou de salaud
La lumière sourd de toutes parts sans raison ni but
Elle est juste la lumière
La cause et la nécessité de tout diamant artistiquement taillé.