
Depuis toujours j’ai des images bizarres en tête.
Des seins qui dansent
des bouches qui se déforment jusqu’à l’hideux,
et qui sucent comme des pilons le doigt
prisonnier d’un regard.
Le plus souvent noir et brillant
et cruel en même temps que doux.
Va donc savoir pourquoi on me traite de cochon
quand je parle de mes hallucinations.
Des tempes où perle la sueur des élans
comme sur le creux des reins,
la cambrure mouillée qui s’élance
et retombe dans les désirs fanés.
J’ai beau les fuir dans la lettre le chiffre l’application
et l’obsession de bien faire
y a rien à faire
J’ai des hallucinations terribles toujours qui me reviennent
et qui sans doute me font penser
surement mal, à la douleur d’être partagée
à la mort aussi qui toujours guette
et à l’interdiction de dépasser les frontières
Et je vois les doigts qui blanchissent dans la rage de vouloir être main
en vain
Et j’ai beau parler tout doucement c’est encore pire
car pour traverser les gouffres
entre toi et moi
il faudrait la confiance
il me faudrait ta confiance
que j’ai perdue en retirant mon doigt de ta bouche
En fermant les yeux pour ne plus voir ton regard
en repartant vers cet ailleurs qui m’éloigne de toi de moi
En un mot de nous
et c’est ainsi que toujours elles reviennent
mes hallucinations témoins de mes défaites.