Fermer les écoutilles

Parfois quand le bruit du monde ne cesse de déranger, parfois quand à bout de force et de générosité, parfois quand la batterie est à plat, quand les pensées moroses ne cessent d’être « recyclées », envie alors de retrouver la position fœtale, la quiétude d’un intérieur sans désordre, des lignes claires et nettes, la paix et la sérénité si possible alors chacun fait comme il peut, moi j’ai l’habitude de fermer les écoutilles. Je me souviens d’une chambre d’hôtel dans laquelle je suis resté des semaines durant sans tirer les rideaux, j’ai vécu là dans la pénombre, écrivant sur des petits carnets mon mal être pour tenter de l’évacuer, en vain. Et puis un jour j’ai ouvert la porte en grand, j’ai tiré les rideaux, toutes mes affaires à nouveau rangées dans un petit sac je me suis tenu ainsi quelques minutes sur le seuil et là j’ai vu un cerisier japonais qui avait perdu toutes ses fleurs. Elles étaient tombées au sol dans un ordre aléatoire et l’émotion qui m’a envahit à ce moment là a fini de balayer tous les miasmes de ces longues journées à m’apitoyer sur mon sort. Ensuite je suis parti plus loin vers la ville, vers une autre chambre d’hôtel, cela n’avait pas d’importance. J’avais simplement apprit à fermer les écoutilles pour comprendre le plaisir de ré ouvrir une porte, à aérer une pièce.