C’est un tout petit roman que vous avez certainement lu lorsque vous étiez jeune, petit par l’épaisseur, par le nombre de pages, petit aussi désormais quand on s’en souvient longtemps après, petit comme une étoile à peine perceptible dans le fin fond du ciel noir. Il s’agit du « Siddhartha » de Hermann Hesse.
Que raconte ce livre sinon que quelque soit le chemin emprunté nous nous rejoignons tous au même endroit, que l’on pourrait nommer
« le lieu où l’on se rend compte de son ignorance. »
Celui qui cherche la sagesse et celui qui ne la cherche pas, quelle importance ? puisque au final la vraie découverte sera que nous n’y avons pas accès. Soyons un peu raisonnable les véritables éveillés son rarissimes et partons du principe que ce n’est ni toi ni moi.
La sagesse est sans doute aussi une petite étoile qui nous guide du plus profond de notre ignorance vers un peu moins d’ignorance et c’est déjà pour beaucoup un pas de géant.
Mais un peu moins d’ignorance fait tout de même mal à côté du peu de joie qu’il nous apporte. Un peu moins d’ignorance, c’est dérober encore une fois le feu et en payer les conséquences. Alors on s’aperçoit que nous avons fait tout ce chemin doté d’intentions changeantes au cours du temps, et que ce changement incessant n’est qu’un changement d’outil afin de creuser notre tombe. Un coup ce sera une pelle d’autre fois une pioche, pourquoi pas une simple cuillère, qu’importe l’essentiel est ce trou autour duquel sans le savoir nous nous affairons.
L’orgueil et la vanité mènent le monde et vont souvent se nicher en dernier recours sous la plus humble des robes de bure. Derrière le plus farouche des anonymats se cache toujours quelqu’un dans l’attente d’être découvert.
Ce ne sont que des histoires que nous nous racontons pour passer le temps. C’est tellement extraordinaire en soi qu’on pourrait se demander si le seul but n’est pas déjà là, dans cette inaptitude à accepter la vie telle qu’elle est, sans avoir besoin de l’interpréter sans arrêt ?
Il y a quelque chose de profondément émouvant dans cette inaptitude à vivre que ceux qui ne la connaissent pas, ou feignent de l’ignorer plutôt ne peuvent pas du tout savourer. Car c’est dans cette vulnérabilité, cette précarité, qui gît au fond de chacun de nous que naissent les émotions les plus subtiles, comme les sentiments les plus forts et qui souvent d’ailleurs nous emportent et nous dépassent.
L’histoire de Siddhartha lorsqu’on se souvient de son origine est celle d’une révolte contre le père.
L’histoire de la peinture du 20 ème siècle est aussi l’histoire d’une bande d’enfants rebelles.
Et désormais que la nécessité de lutter contre nos pères ou nos mères disparaît, nous restons bras ballants et comprenons tous les coups d’épée dans l’eau que représentent la plupart de nos actes.
Cette prise de conscience apparaît souvent tardivement et sans doute est ce aussi dans l’ordre des choses, ce fameux « ordre des choses » dont nous refusions d’entendre parler, vous vous souvenez ?
La tombe c’est ce creuset dans lequel le plomb et l’or au bout du compte se rejoignent pour retrouver leur nature, ce qu’ils ont toujours été, simplement du métal, des enfants de Gaïa la solitaire qui tourne sur elle-même en nous rêvant plus beaux que nous n’avons jamais été.
Désormais il existe un opéra Rock du même nom que ce petit livre .Je me suis posé la question : pourquoi ce personnage de Siddartha aura t’il été pressenti comme un bon investissement pour les producteurs qui financent ce spectacle…?
Sans doute parce que contre toute attente le guerre des enfants contre les parents touche à sa fin d’une certaine manière.
Ce qui était détourné par l’institution et la famille ne l’est plus et nous allons assister de plus en plus rapidement à la croissance d’une violence sans raison et à sa réciprocité. Il y aura à nouveau des boucs émissaires temporaires et éternels, ce temps durera ce qu’il durera, et peu importe, tout n’est-il pas toujours un éternel recommencement ?
Le fait que nous assistions en peinture à ce que l’on veut nous faire passer pour un retour vers la Renaissance, d’ailleurs on rajoute l’adjectif « sauvage », pour renforcer le buzz, indique la volonté d’un retour au calme, entre l’artiste et ses commanditaires. Bien sur « sauvage » à la Bansky de préférence qui reste dans un anonymat dans le seul but de faire encore croire qu’il serait un mauvais fils et donc un vrai artiste …
Cependant qu’il est absorbé par la fabuleuse machine à faire de l’argent comme au temps des Médicis et de Leonard qui inventait des clitoris volants au nez et à la barbe de toute la papauté tout en allant se reposer dans un Chambord en peignant la Joconde comme on peint la girafe.
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It is a very small novel that you certainly read when you were young, small by the thickness, by the number of pages, small also now when we remember it long after, small like a star barely noticeable in the end of the black sky. It is « Siddhartha » by Hermann Hesse.
What does this book say, except that whatever path we take, we all meet in the same place, which we could name the place where we realize our ignorance.
Who cares for wisdom and who does not seek wisdom, what does it matter? since in the end the real discovery will be that we don’t have access to it.
Wisdom is undoubtedly also a small star which guides us from the depths of our ignorance towards a little less ignorance and it is already for many a giant step.
But a little less ignorance still hurts for the little joy it brings us. A little less ignorance is to once again steal the fire and pay the consequences. Then we realize that we have come all this way endowed with changing intentions over time, and that this incessant change is only a change of tool in order to dig our grave. A blow it will be a shovel other times a pick, why not a simple spoon, whatever matters is this hole around which without knowing we are busy.
Pride and vanity lead the world and will often nestle as a last resort under the most humble dress. Behind the fiercest anonymity is always hiding someone waiting to be discovered.
These are just stories that we tell ourselves to pass the time. It is so extraordinary in itself that one could wonder if the only goal is not already there, in this inability to accept life as it is, without having to interpret it constantly?
There is something deeply moving about this inability to live that those who do not know it, or pretend to ignore it rather cannot savor at all. Because it is in this vulnerability, this precariousness, which lie at the bottom of each of us that are born the most subtle emotions, like the strongest feelings and which often besides carry us and exceed us.
The story of Siddhartha when we remember its origin is that of a revolt against the father. The history of 20th century painting is also the history of a bunch of rebellious children. And now that the need to fight against our fathers or our mothers disappears, we remain swinging and understand all the swords in the water that represent most of our actions.
This awareness often appears late and no doubt it is also in the order of things, this famous « order of things » which we refused to hear about, do you remember?
The tomb is this crucible in which lead and gold ultimately come together to find their nature, what they have always been, simply metal, children of Gaia the lonely one who turns on herself dreaming of being more beautiful than we have ever been.
Now there is a Rock opera of the same name as this little book. I asked myself the question: why was this character from Siddartha considered a good investment for the producers who finance this show …? No doubt because against all odds the war of children against parents is coming to an end in a certain way. What was hijacked by the institution and the family is no longer hijacked and we will witness more and more quickly the growth of violence without reason and its reciprocity. There will be temporary and eternal scapegoats again, this time will last as long as it lasts, and whatever, isn’t everything always an eternal beginning?
The fact that we are witnessing in painting what we want to pass for a return to the Renaissance, moreover we add the adjective « wild » to reinforce the buzz, indicates the desire for a return to calm, between the artist and his sponsors. Of course wild, preferably Bansky, who remains anonymous for the sole purpose of still making people believe that he would be a bad son and therefore a real artist … however that he is absorbed by the fabulous machine for making l money as in the days of the Medici and Leonard who invented clitoris flying in the nose and beard of all the papacy while going to rest in a Chambord by painting the Mona Lisa as one paints the giraffe.
Sans l’ombre d’un doute. Je choisis la petite cuillère pour creuser ma tombe. Le chemin n’en sera que plus long pour m’y rendre. Bon milieu de semaine à vous 🙂
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Merci Denise pour ce retour! l’expression « l’ombre d’un doute » me fait penser à l’été quand on cherche un peu de fraîcheur, ça peut être utile en dernier recours bien sur . Belle journée !
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