L’association commune qui s’établit entre le temps et l’argent, entre le temps et la réussite, entre le temps et la satisfaction en fin de compte, n’est peut-être pas la meilleure qu’il soit.
Cette urgence dans laquelle elle plonge tous ceux qui de bon ou de mauvais grès y adhèrent revêt tous les symptômes d’une maladie mentale.
L’obsession, l’idée fixe, le dérèglement du courage en témérité, de l’endurance et de la ténacité en opiniâtreté; tout cela additionné parfois crée une sorte d’exagération dont on ne se rend pas compte tant que tu te trouves à l’intérieur.
Heureusement le temps fait bien les choses, il les fait en passant, l’air de rien, comme à son habitude.
Imagine alors ce qu’il pourrait t’enseigner si pour un instant tu te déplaçais un peu, disons d’un pas de côté
et que tu te risques, pour une fois, à le perdre en toute conscience.
Il y aura bien sur toujours la pression de toutes ces choses que tu dois faire absolument, l’emploi du temps posé sur ton bureau, punaisé à ton mur.
je ne te demande pas de tout détruire, je ne te propose pas de t’enfuir !
Non ce que je te propose c’est de pénétrer dans cet art de perdre son temps tout simplement.
Je ne te demande rien en échange, rassure toi, aucun lien vers une page de vente, pas besoin de t’abonner à ma liste de contacts.
J’ai juste envie de partager cela avec toi aujourd’hui parce cette victoire me brûle les lèvres, l’énergie qu’elle m’a apporté est tellement puissante que je ne peux la conserver seulement en moi.
Pour que tu comprennes bien il faut d’abord que je t’explique que j’ai passé la majeure partie de ma vie à ne pas faire grand chose.
Si tu me connais un peu cela te paraîtra sans doute exagéré bien sur car vu de loin , en apparence, je ne semble jamais m’arrêter, tous les jours tu peux voir de nouvelles toiles, de nouveaux textes, parfois bons parfois médiocres, peu importe en fait la qualité de tout cela pour moi. Cela fait partie de ce « débordement » que je ne cherche pas à retenir. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Durant de nombreuses années j’étais seulement accroché à mes rêves, et ceux ci me permettaient de traverser l’existence sans être véritablement atteint par celle ci. bien sur j’ai eu des joies et des peines comme tout à chacun, des échecs et des réussites mais je n’étais jamais vraiment satisfait de rien.
Très jeune j’ai eu une merveilleuse compagne, la plus belle fille du Lycée et puis une fois que notre couple eut été formé cela ne m’a pas satisfait, je n’étais pas heureux.
Très jeune j’ai eu des jobs très rémunérateurs également, mais je les ai tous quittés car je n’étais pas satisfait ni heureux.
En fait il a fallu que je me rende compte que rien de ce qui intéressait la plupart des personnes autour de moi ne m’intéressais vraiment. J’ai essayé d’utiliser les désirs de ces personnes, de les prendre comme modèle, mais il y avait toujours quelque chose qui finissait par clocher.
A ces moments là j’étais complètement perdu et je crois que j’étais tout à fait capable de faire n’importe quoi tout simplement parce que j’étais sans but véritable.
ce qui m’aida ce furent donc mes rêves.
J’ai d’abord révé de devenir
chanteur
photographe
Puis écrivain
puis enfin peintre.
Ma famille a chaque tentative que j’effectuais, mon père surtout me parlait d’une perte de temps irrémédiable.
tu perds ton temps !
et du coup je crois que si j’avais pu trouver un compresseur pour gonfler encore plus mes rêves je n’aurais pas hésité.
Cependant qu’ils auraient de toutes façons finit par imploser.
Dans cette course à entretenir mes rêves la seule chose qui me venait régulièrement à l’esprit était le fait que je perdais mon temps, au fond de moi je ne pouvais pas me leurrer tout simplement parce que je respectais l’opinion de ce père, parce que j’étais un fils et que sa sentence était magistrale.
en même temps c’état agaçant et j’aurais bien voulu lui donner tort, lui prouver que je pouvais avoir raison.
alors j’ai continué à perdre mon temps de multiples façons c’est à dire à ne pas utiliser mon temps pour des désirs qui n’étaient pas les miens.
J’ai souvent frôlé quelque chose que l’on pourrait appeler la réussite dans chacun des rêves dont je t’ai parlés.
J’aurais vraiment pu être chanteur, photographe, écrivain, et peintre.
Mais finalement je me suis aperçu que la finalité de tous ces rêves n’avaient pas d’autre raison que de rejoindre le lit commun de tous les ruisseaux : étre reconnu, gagner de l’argent, être aimé.
alors j’ai décidé de perdre mon temps encore plus profondément
en peinture surtout.
J’ai abandonné au fur et à mesure tout ce que j’avais projeté sur la peinture pour m’aider à atteindre le rêve de devenir peintre.
Je me suis écarté de l’idée de beau
je me suis écarté de l’idée d’habileté
et aussi de celle d’aboutissement.
Et dés lors je me suis mis à peindre encore plus sans vraiment m’arrêter sur aucun jugement ni des autres ni de moi-même.
C’est une nouvelle façon de perdre mon temps que tu ne peux sans doute pas comprendre si tu ne l’as jamais expérimentée.
Je ne suis jamais fatigué ou abattu et mon énergie semble inépuisable à certains moments.
Pourtant je sais aussi qu’il y a un rythme à accepter qui correspond à la perte du temps
c’est ce rythme qui me permet de ne pas m’enivrer des grandes périodes de profusion ni me lamenter sur les autres d’austérité et de mutisme.
Les deux versants sont inséparables comme les deux cotés d’une médaille que je m’obstine à refuser cependant
Afin de voir jusqu’où la perte de temps me mènera.
Ce temps que je considère perdu uniquement si je désire emprunter le regard d’un autre, comment pourrais je alors le rattraper puisqu’il n’existe pas au bout du compte ?