Être au bon endroit au bon moment

Ce matin je me retrouve dans un lieu inconnu.Un appartement à Pau que nous prête le neveu de mon épouse pour le week-end. Le temps de décrocher les toiles que j’ai confiées à deux lieux d’exposition dans les environs.

Et comme tous les matins je me suis réveillé de bonne heure avec l’envie pressante de jeter quelques mots sur la page vierge de mon traitement de textes. Sans savoir de quoi je vais parler. Règle importante !

Par chance j’ai pu trouver des sachets de café soluble, et tandis que la bouilloire faisait son job j’ai commencé à examiner mes premières pensées. Le joli noeud des pensées du matin. Ou plutôt devrais je plutôt parler de cet amas de sensations confuses, informe qui s’agrippe à ma cervelle sitôt que je retrouve la station debout.

La peur est toujours là consubstantielle à l’éveil. Ce stress d’avoir à retrouver une peau un poids une présence dans le décor quelqu’il soit et qui me tenaille depuis l’adolescence. Possible que ce soit une sorte d’aiguillon que je me suis inventé pour pallier une sensation plus diffuse, afin d’échapper à l’impression irréelle mais pourtant omniprésente d’être inexistant. L’idée permanente d’un frémissement d’étoffe, d’un pétale qui se détache et lentement voltige vers le sol.

Il y a un nom au Japon pour cette sensation. Bien sûr il m’échappe au moment où j’écris ces lignes. Mais ça ne fait rien. Cette sensation de l’ineffable tu la connais surement aussi. Nous la connaissons tous. Pas besoin d’être japonais n’est ce pas ?

Hier le cerisier était en fleurs et ce matin tu t’approches de l’arbre et tu vois que toutes les fleurs sont tombées à terre durant la nuit.

On peut écrire tout un tas de choses là dessus, c’est inspirant.

C’est cette pensée qui s’extirpe comme un stolon de l’amas des sensations chaotiques et qui sûrement permettra aux mots peu à peu de se poser comme on construit un escalier, marche par marche.

Un escalier qui mène seulement à l’idée d’un étage sans véritablement le définir. Laisser cet objectif d’étage en suspens. Revenir au fil,à la marche et aux mots. Chaque chose en son temps.

Et puis soudain cette phrase luisante qui surgit…

« Être au bon endroit au bon moment »

Incontestablement une sorte d’axiome de fortune.

Fortune et chance.

Il y a des êtres qui instinctivement se placeraient ainsi au bon endroit au bon moment. Ils y seraient sans doute conduits par une succession d’actions et d’évènements dont ils seraient en partie responsables et en partie inconscients.

Peut on vraiment agir consciemment sur la chaîne et la trame de cette étoffe que revêt la fortune ou l’infortune ? Et dans ce cas toutes ces fichues théories à la mode sur l’attraction seraient elles vraies ?

Non seulement j’en doute mais je crois comprendre aussi un refus profond catégorique de tout mon être à accepter cette histoire d’attraction.

Car cela vaut lorsqu’on a un but auquel on croit dans la vie. Lorsqu’on n’a pas encore saisi que tous les buts sont illusoires qu’ils ne servent qu’à occuper l’espace et les lieux. Sans doute de la même façon que j’écris pour tromper la peur tenter de la définir la nommer espérant ainsi l’amadouer.