En vrai tu ne peux pas passer ton temps à inspirer, pas plus qu’à t’inspirer tu vas faire pénétrer trop d’oxygène dans tes poumons et trop d’idées dans ta cervelle.
Si tu continues comme ça, tu vas te sentir mal. A un moment ou un autre il va bien falloir que tu expires, et que tu rejettes le gaz carbonique qui résulte de l’alchimie de la respiration tout simplement.
Je pense à ça, à la respiration ce matin et à la manière dont je m’y prends personnellement. Je ne sais pas si tu as déjà pensé à ce genre de truc. Comme manger-chier, se réveiller et dormir, aimer et haïr.
Tu l’as peut-être déjà noté, mais beaucoup de choses vont ainsi par couple. Blanc et noir, ou encore primaire et complémentaire lorsqu’il s’agit de couleurs.
J’aime bien travailler au début avec ce genre de couple de couleurs. On les dit « complémentaires » mais à vrai dire le mot le plus juste serait « opposés » ou « antagonistes ».
Il n’y a rien de plus violent que l’opposition d’un orange et d’un bleu, d’un rouge et d’un vert, d’un jaune avec le violet si on prend les couleurs pures qui sortent du tube.
Tout l’art du peintre sera alors d’atténuer cette violence jusqu’à la transformer en harmonie.
Pour cela il faudra déployer tout un trésor de ruses, d’appréciations, pour mélanger les couleurs afin d’obtenir des « gris ».
Il existe cependant deux types de gris. Les gris sales et les gris subtils. Evidemment tu l’as déjà compris si tu peins, ce qui nous intéresse ce sont les « gris subtils. »
Pour en revenir à la respiration, inspirer, expirer il existe certainement une ou plusieurs bonnes manières d’harmoniser les deux opposés. Inspirer juste, expirer juste si je puis dire.
Je me souviens de périodes difficiles dans ma jeunesse où le stress était à son paroxysme. C’est à cette période que j’ai commencé à m’intéresser à la respiration. En la calmant, en inspirant longuement et en expirant de la même façon, par l’abdomen et non par les poumons. Il en résultait une détente intestinale formidable à ces moments là. J’avais la sensation de n’avoir plus ce poids qui portait sur l’abdomen régulièrement en situation de peur, de panique, d’énervement.
J’avais trouvé cette solution tout seul, c’était instinctif. Un peu plus tard j’ai commencé à lire des ouvrages sur la méditation, sur le yoga et sur le zen, et je me suis aperçu combien la respiration était importante dans ces disciplines.
A l’armée que j’ai du faire à l’époque en tant qu’appelé, l’instructeur au pas de tir disait aussi la même chose : inspire un grand coup, bloque ta respiration quand tu appuies sur la gâchette du FAMAS. Et effectivement à cet instant là la concentration et l’absence de mouvement corporel, de tremblement, donnait plus de chances de toucher la cible.
Je repense à toutes ces choses ce matin alors que je m’apprête à écrire mon article quotidien, à la bonne façon de s’inspirer, d’expirer, de respirer toutes les innombrables informations qui passent sans relâche par notre cervelle cette fois.
J’aurais pu intituler ce texte : « Qui pense ? » comme hier je m’intéressais à « Qui peint ? »
Ce n’est sans doute pas très important dans le fond de le savoir, le résultat comptant toujours plus que les moyens.
Mais tout de même cela vaut la peine tout de même de temps en temps de se pencher sur ces fameux moyens, ne serait ce que pour les partager avec toi qui parfois te sens « en manque d’inspiration ». C’est à dire dans une sorte de suffocation sans doute.
A mon avis le manque d’inspiration est encore une mauvaise expression. Il vaudrait bien mieux parler d’un excès d’inspiration.
C’est exactement la même chose que la fameuse panne provoquée par la page blanche, la toile blanche.
Un excès d’envies, d’idées, un pataques, une sorte de bouchon qui se logerait dans l’intestin ou entre les neurones, bloquant le flux, le cours normal des choses.
Un constipation qui s’avancerait pour celle ou celui qui la subit comme un manque alors qu’elle est tout son contraire.
Sans doute que mes difficultés actuelles de chauffage sont aussi pour beaucoup dans l’élaboration de mon texte. Il y a de l’air dans mon circuit et cet air joue le rôle de bouchon, empêche l’eau de bien circuler dans les tuyaux et met le système tout entier en surchauffe.
J’ai beau purger l’installation deux fois par jour je n’arrive pas à chasser l’air du circuit car désormais il semble être emprisonné dans le corps de chauffe de la chaudière et il faudra sans doute l’intervention d’un technicien pour résoudre ce soucis.
Un excès d’air, un peu comme un excès d’inspiration dans le fond. Et du coup on se trouve à nouveau dans une confrontation entre deux opposés la surchauffe et rien du tout, la constipation et la diarrhée, la vidange.
Pour en revenir à la violence naturelle des couleurs complémentaires.
Cela oblige à se poser des questions. Enfin cela m’oblige à m’en poser. Quand un incident de la vie quotidienne se présente je me dis toujours que c’est une opportunité de le relier avec une thématique récurrente chez moi. Cela m’inspire encore. Et du coup me permet aussi de respirer parfois dans les ambiances les plus glaciales, les plus lourdes, les plus stressantes en apparence.
Car sans chauffage en ce moment ce n’est pas vraiment rigolo tout de suite.
Je pense à tout ça et aussi à ce déluge d’informations contradictoires qui désormais arrive de partout concernant l’épidémie. Là je ne sais pas si c’est de l’inspiration ou de l’envahissement.
Tout ce qui a pour vocation de diffuser de l’information à cause de cette sensation d’envahissement me semble suspect.
J’ai arrêté d’acheter les journaux depuis belle lurette déjà. Je n’écoute plus la radio à part quelques podcasts que je choisis minutieusement, et j’évite le plus possible la télévision. Et notamment les journaux télévisés, comme les émissions traitant de politique.
Ce n’est pas que le monde m’indiffère. C’est que je n’aime pas comment il m’est présenté, comment il pénètre chez moi par l’intermédiaire des médias de tout acabit.
Car, en vrai, si tu y penses, si tu coupes tout ça. Rien n’a changé vraiment, le monde continue de tourner, les oiseaux chantent le matin, ma chatte me tanne à heure régulière pour avoir sa ration de croquettes, je me demande toujours ce que je vais bien pouvoir écrire ou peindre aujourd’hui et il faudra toujours à un moment ou l’autre de la semaine sortir les poubelles et renouveler de temps en temps la provision de papier toilette n’est ce pas ?
Inspirer, respirer on peut tenter de le contrôler, on peut même se leurrer de croire qu’on y parvient. Mais rien ne vaut jamais mieux que de laisser les choses naturelles s’effectuer comme il se doit. Sans y penser en se concentrant sur la satisfaction de nos besoins essentiels une fois content de les avoir décidés.
Respirer, inspirer, respirer, cela devient chose difficile par les temps qui courent, surtout derrière un masque
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Oh non, il suffit de se concentrer 😉 belle journée Christine
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J’aime bien être témoin de la respiration, sans rien changer, juste témoin des blocages, des tensions, juste l’observateur. Au bout d’un moment, le calme naturel revient.
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