Georges Dumézil , linguiste et historien des religions avait découvert trois fonctions qui ne cessaient de revenir dans la structure des mythes indo européens. La fonction de souveraineté ou de sacré incarnée par le Roi. La fonction guerrière, incarnée par le personnage du héros et qui incarne aussi l’adhésion à notre capacité d’atteindre les objectifs attribués par le Roi. Et enfin la fonction de production de reproduction, de fécondité incarnée par les déesses et les fées.
Si on retrouve cette structure dans de nombreux contes et récits c’est qu’elle a fait ses preuves aussi bien dans les techniques de narration que dans la vie des sociétés pendant longtemps. On pourrait dire que la fin de cette structure s’achève avec la révolution Française dans notre pays où l’on assiste à la naissance du Tiers Etat, la séparation de l’Eglise et du Pouvoir politique
En fait ce que recherche toute société à la base c’est de vivre en effectuant des projets, en atteignant des objectifs qui sont la paix, le développement des richesses, la justice tout cela inscrit dans une « vision ».
A l’échelle d’un individu c’est la même chose. A partir du moment où je possède une vision de ce que je veux faire de ma vie, cette vision va m’entrainer à rechercher un certain nombre d’objectifs d’étapes pour l’atteindre.
On pourrait tout à fait adopter la structure suivante :
Le Roi c’est mon désir ma vision, il possède la capacité de discernement pour dire ce qui ne va pas dans le royaume, pour trouver une solution au problème et il le délègue au Héros généralement. Le problème du roi c’est qu’il peut changer de désir relativement souvent. Il peut lui arriver d’avoir de nouvelles idées en cours de route car c’est son rôle il ne cesse d’affiner sa vision et de celle ci peut découler mille plans, milles objectifs… Ce qu’il faut retenir c’est que le Roi n’est pas dans l’action, il est dans l’élaboration d’une pensée, il émet des désirs des souhaits et, pour l’aider à les réaliser il convoque le Héros.

Le héros représente l’action, il adhère à la volonté du Roi pour atteindre un objectif particulier qu’il ne peut pas remettre en question, ce n’est pas son rôle de questionner le bien fondé d’une décision de la pensée, du désir ou du Roi. Il adhère aveuglément à la volonté du Roi et c’est par l’action qu’il atteint au but demandé. Pour cela il doit faire preuve d’un engagement total envers le but qu’il lui est conféré.

Mais ce n’est pas si simple car souvent le héros se trouve en premier lieu impuissant à réaliser le désir du Roi. Il se trouve donc tiraillé entre son engagement, et le fait de ne pas savoir comment il va pouvoir opérer.
Albert Einstein a dit une phrase qui résume parfaitement le personnage du héros :
« L’homme de génie est celui qui tient ensemble le plus longtemps possible les contraires ».
Si on remplace « l’homme de génie » par le Héros cela fonctionne tout à fait correctement.
Il y a souvent une tension extrême dans le personnage du héros incarnée par les deux forces antagonistes d’une adhésion totale et d’une impuissance totale.
Cette tension est tout à fait logique. Si le Roi a la possibilité d’émettre des désirs certains jours il peut tout aussi bien les annuler les jours suivants alors que le héros, de part son engagement ne le peut jamais. Il est obligé d’aller vers le but fixé même si il ne sait encore du tout comment il va y aller. Pour résoudre ce problème il est temps de parler du dernier personnage de cette trilogie : La fée. ( ou la déesse)
La déesse ou la fée féconde le héros d’outils magiques, elle lui apporte le « comment » atteindre à son but.

Ces outils magiques correspondent à des états ressources de nous-mêmes que nous ne connaissions pas. Grâce à ces outils ou ressources le héros, ou nous-mêmes sont en mesure d’atteindre et de réaliser nos objectifs.
Grace à cette structure nous sommes en mesure d’accomplir notre « vocation ».
La vocation c’est ce qui nous parait essentiel, c’est notre mission de vie. Cela peut paraitre un peu pompeux, voire risible aujourd’hui. Cependant cette structure fonctionne depuis la nuit des temps pour raconter les récits captivants où je me plongeais avec délectation dans mon enfance.
Cette structure est bien sur utilisée dans le cinéma encore aujourd’hui dans les films fantastiques, les films de science fiction également. C’est une structure basique qui a largement fait ses preuves et que l’on peut détourner facilement pour réfléchir à notre vie quelle qu’elle soit.
La fée pour le peintre, pour l’écrivain, pour l’artiste en général qui comprend finalement toutes les catégories de métier que l’on désire accomplir suivant une « vision » construite à partir de valeurs essentiels c’est la créativité.
C’est par la fécondité de celle ci que le héros en chacun de nous développe des compétences jusqu’ici ignorées et qu’il pourra enfin mener sa mission à bien et retourner au château pour recevoir la bénédiction du Roi.
Le mariage avec la fille du Roi comme la génération de nombreux enfants signifie alors qu’une ère de richesses, de fécondité générale s’ouvre pour tout le royaume. C’est à dire en nous tout simplement.
Merci Patrick pour ce décryptage très instructif.
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Merci ! C’est très éclairant et inspirant !
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Merci !
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