Encore une fois je viens de briser mes lunettes. Ce sont des loupes à bon marché que j’achète désormais par paquet au magasin de bric à brac pas loin d’ici. J’ai fini par renoncer à me rendre chez l’opticien. Même si j’ai une excellente mutuelle et que je peux ainsi obtenir des lunettes certainement mieux adaptées au confort de vue, j’ai finit par y renoncer en raison de ma maladresse. Je trouve que ce n’est pas bien de creuser le trou de la sécu à la légère. Et probablement qu’il y a là dessous encore pas mal de raisons tout aussi valables sinon justes qui me permettent de m’en abstenir.
Une relation frileuse avec la notion d’expertise et sans doute aussi une touche de perversité que j’ajoute au « jusqu’au boutisme ».
Et justement ça me permet d’examiner un peu plus avant ce que je pense de l’expertise comme de la perversité.
Comme j’ai plein de paires de lunettes dans un tiroir du bureau, je n’en prends pas plus soin que si c’étaient celles de l’opticien. En général je les pose n’importe où, je les perds, ou encore je les fourre dans une poche de mon jean et quand je m’assoies je les pète.
Je sais pertinemment que je vais recommencer la même chose. C’est pourquoi je les achète par dizaine d’un coup. Il me vient de temps en temps l’idée que je pourrais modifier mon comportement vis à vis de cet objet, que je pourrais comme la plupart des gens les ranger dans un étui, les chouchouter.. mais l’effort de concentration que j’entrevois dans la mise en place de cette habitude nouvelle me semble excessif. Je n’ai pas le temps de m’occuper de ça. J’ai toujours autre chose à penser ou à faire. Tu comprends ?
Donc cela doit faire environ 4 ou 5 ans , un lustre que je pratique comme ça. Je ne me prends plus la tête. Je pète une paire de lunettes, pas grave, j’en ai tout de suite une autre à disposition.
Du coup ça me fait évidemment réfléchir un peu plus loin que le bout de mon nez. Je pense à cette notion d’expertise contre laquelle je lutte sans arrêt dans bien des domaines.
Je trouve parfaitement risible notamment l’expression » quel est votre domaine d’expertise ? » Celle là je la connais sur le bout des doigts pour l’avoir prononcée moi-même lorsque je recrutais des personnes en entreprise. Puis j’ai souris intérieurement lorsque j’ai été à mon tour recruté plusieurs fois ensuite.
Quel est votre domaine d’expertise je ne sais pas si tu es comme moi, mais à chaque fois j’ai l’impression qu’on me demande de présenter au grand jour mon fond de culotte. C’est assez agaçant. Surtout le mot expertise qu’on utilise désormais à toutes les sauces un peu partout.
Nous sommes arrivés à un point de notre histoire ou quelque soit l’événement qui surgit on l’entoure d’un comité de connards qui avec le plus grand sérieux généralement et c’est pour cela que je les appelle des connards, ces experts vont passer des heures à palabrer sur lui sans jamais rien t’expliquer vraiment.
Je crois que l’expert tel qu’on nous le présente est le grand manitou de « l’à peu près », « de l’environ, » du « presque », et du « si ça se peut. » Autant dire qu’il est exactement à notre image quand nous nous mêlons d’un air sérieux de vouloir réfléchir à quoi que ce soit.
Ce qui accompagne la mise en scène de l’expertise c’est la notion de crédibilité. Il faut qu’on y croit… ça commence pas mal. Je crois que tout ce que nous voyons du monde qui nous entoure n’est qu’un amas de croyances.
Mais le problème désormais c’est que tu n’as plus une seule église comme autrefois. Désormais les clochers fleurissent à tous les coins de rue aussi surement que des Mac do.
Crédibles et excessifs. Rien de mieux que d’en douter justement de cette fameuse expertise avec laquelle on nous tanne à toutes les sauces.
Je crois qu’il y a une relation avec cette histoire de lunettes. En tous cas ça se précise. Le fait de chausser toujours les mêmes lunettes ne nous fait voir que ce que l’on désire voir.
D’ailleurs il se pourrait bien que nos défaillances oculaires soient elles aussi liées à nos croyances. Je me demande si on ne s’aveugle pas inconsciemment à seule fin d’aller rencontrer un expert de la vue et ainsi obtenir un avis, une sanction sur notre façon de bien ou mal voir les choses. Auquel cas ça nous rassure de chausser les lunettes à jolies montures et à verres traités anti reflets, anti rayures que l’on paie de sa poche pour payer un peu de soi, de sa poche et participer à la fumisterie généralisée.
La perversité comme l’expertise, je ne sais pas si tu l’as remarqué toi aussi, est devenue un mot à la mode. On trouve presque autant d’experts que de pervers dans toutes les situations et tous les lieux.
Je lis souvent des résumés de presse sur le net et je ne compte plus le nombre d’articles dans les magazines féminin qui évoquent le personnage du « pervers narcissique ».
Comme je suis un tantinet hypocondriaque, sitôt que j’aperçois le nom d’une maladie je crois que je l’ai et je suis allé lire quelques articles qui expliquaient- pardon un expert expliquait ce qu’est un « pervers narcissique. »
Bon.
Encore une définition supplémentaire qui ressemble à une prédiction astrologique c’est à dire que ça peut fonctionner pour un grand nombre de personnes comme de situations finalement.
ça prouve que l’expertise et l’astrologie ne sont pas si éloignés que ça au bout du compte et qu’il s’agit toujours de trouver la bonne lorgnette pour le faire le point sur un sujet quel qu’il soit dans la vie.
Faire le point ça n’explique absolument rien pour autant je ne sais pas si tu l’as déjà remarqué.
Bien vu !
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rire ! Merci Christine belle journée !
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J’ai beaucoup aimé !
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Merci belle journée Patrick !
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