Marcher sur le bord du monde

Il y a cette périphérie que l’on s’invente en premier lieu. Le seul possible. Le bord du monde. Je l’ai vue elle se recrée à chaque instant. Dans le bassin du jardin du Luxembourg, tous les petits déchets, bâtons de glace et emballage de bonbons, bouton de fleurs et mouches mortes. Un tourbillon invisible les évacue sur les bords en les classant par poids souvent, par nature dans l’œil surpris par ces déductions fantasques.

Cet œil qui ne cesse lui aussi de voir depuis le bord du monde.

Un second lieu, la cervelle décortique comme un insecte qui nettoie ses mandibules avant de hacher menue la fibre gorgée de chlorophylle. U n ciboulot américain mâchant son chewing gum avant de le coller sous la semelle d’un passant lorsque toute trace de gout a disparu.

L’image tremblote le gout n’est que souvenance.

Et pourtant c’est ainsi qu’apparait le troisième lieu

Depuis le bord du monde

On aperçoit peu à peu le centre

le cœur

Chaque pulsation de celui ci crée le tourbillon

toute l’illusion probablement

Et, si l’on continue encore s’impose alors

le quatrième et dernier lieu.

Celui dont on ne peut parler

Celui qui doit rester scellé

Comme le prochain tableau à venir.