La récompense

La récompense me fait penser à l’acte gratuit. Peut-on vivre en se passant totalement de récompense ? cela reviendrait à la même chose que de se poser la question est ce que l’acte gratuit existe, et j’ai déjà évoqué cette ambiguïté dans plusieurs textes précédents.

Il faut faire une différence entre le système de récompense « basique » propre à tous les mammifères et qui leur sert à se procurer de la nourriture, à se reproduire, et à rechercher la sécurité et un système de récompense qui serait calqué sur cet instinct à des fins politiques, économiques voire sociologiques.

Ce n’est pas vraiment la même chose. Si un animal qui tue sa proie pour se nourrir éprouve une notion immédiate de « récompense » c’est parce qu’il satisfait un besoin vital nécessaire à sa survie. La récompense dans ce cas, étrangement, à bien plus de sens que lorsque la maitresse offre un bon point à l’élève qui a bien appris sa leçon. Le risque pour l’élève c’est de rechercher à revivre le plus possible cette satisfaction d’obtenir une récompense. Ce n’est pas du tout la même chose que de prendre plaisir à réaliser la tâche pour obtenir une récompense. Je dirais même que perversement on introduit chez certains élèves l’idée qu’il faut souffrir pour obtenir cette récompense. Dans ce cas l’effort est dirigé vers un mauvais but.

Ce mauvais but n’est pas innocent du tout. Car suivant le système politique et économique dans lequel nous vivons, l’école sert surtout à apprendre l’obéissance. A commencer par croire aveuglément à tout ce que la maitresse, puis plus tard les professeurs nous enseigneront. Ce qui préparera l’élève à devenir un travailleur obéissant par la suite.

Or la perversion de ce système contient en lui-même les germes de sa ruine. Pour qu’il perdure il faudra toujours des récompenses.

Le salaire est la récompense du salarié. Qu’advient il lorsqu’il est bloqué, qu’il n’évolue pas, que les augmentations de salaire ne sont plus distribuées généreusement par les entreprises ? Pire encore comment la récompense est elle comprise par les salariés lorsque soudain après 30 ans dans une entreprise, celle ci ferme pour extérioriser sa production ailleurs à des couts moindres?

La récompense devient un objet de frustration.

On vous « remercie » et c’est intéressant de voir l’intelligence de notre langue, toute constituée d’esprit de fronde et d’esprit.

Très tôt, dés l’école j’ai éprouvé de vives réactions contre la récompense. Quelque chose se mettait en alerte aussitôt que l’on me promettait telle ou telle récompense. Que ces promesses soient tenues ou pas n’était pas la raison de ma défiance. Non la vérité c’est que lorsque je recevais une récompense elle ne semblait pas reliée au processus qui s’était déroulé pour l’obtenir. Je veux dire que ça ne le valait pas tout bonnement en premier lieu. Il y avait de la déception car la motivation sur laquelle je m’appuyais était d’obtenir la récompense promise le plus souvent. Et une fois que je l’obtenais toute la motivation que j’avais construite à partir de l’espoir de récompense, se mettait à fondre comme neige au soleil.

Je crois que mon parcours scolaire catastrophique dans les classes de primaire, et secondaire est totalement lié à cette apprentissage de la « motivation » uniquement basé sur l’espoir d’obtenir des récompenses. La plus importante d’ailleurs ne me regardait pas vraiment elle satisfaisait surtout mes parents, c’etait de passer d’une classe à l’autre. Ca les confortait dans l’idée que j’étais « normal » comme tous les autres enfants.

De mon coté je relevais sans doute chez eux à la fois la peur et le désir que je ne le fusse pas.

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