Ce qui a provoqué l’adhésion collective des gens, des allemands dans la modernité qu’ils traversaient, à la pensée nazie, c’est la faim. Quand les gens ont faim ils se foutent de tout, que ce soit de la philosophie, des beaux sentiments, et même du sexe. Ils veulent juste bouffer, c’est leur objectif premier, leur essentiel. 30 millions d’Ukrainiens en ont fait les frais parce qu’un obscur commissaire au plan pour lutter contre la famine a découvert tout ce que l’Allemagne pourrait régler comme problème, en urgence, si elle mettait main basse sur les ressources agricoles de ce territoire.

Il suffit d’aller dans une bibliothèque et de lire pour apprendre. Même si on a faim on peut encore tromper la faim comme ça. Je l’ai fait. C’est sans doute dans la même continuité de toutes les choses idiotes que j’ai pu faire dans la vie. Je n’ai pas eu l’envie ni le courage de me ruer sur mon prochain pour le dévaliser, ni pour l’occire et m’accaparer ses bien pour satisfaire un besoin biologique, comme je n’ai pas toujours eu ce courage insensé de me lever tous les jours pour gagner un salaire merdique et obéir à un patron. Parfois je l’ai fait, d’autre fois non, j’ai crée ce choix.
Ce que j’ai compris en montant les échelons dans l’entreprise c’est à quel point nous n’étions pas sorti du nazisme mais qu’au contraire nous en exploitions toute la science en matière de gestion humaine, et d’efficacité. L’humain dans l’entreprise n’est qu’un matériau biologique, une matière première au même titre que le bois, le charbon, la houille, ni plus ni moins. On l’exploite de façon à obtenir plus en effectuant le moins d’efforts nécessaires.
En quittant l’entreprise j’ai pensé que je quittais le nazisme, j’imaginais naïvement qu’il se concentrait en un seul lieu mais il était déjà trop tard, la pensée nazie a tout envahi de notre modernité. Et avec la crise gigantesque qui est là, les choses ne vont surement pas s’arranger.
Ce que les nazis ont construit ils l’ont puisé à la source la plus sombre de nous-mêmes, de chacun d’entre nous et l’ont emporté vers le paroxysme comme un soufflet. Le fait que ce soufflet soit retombé à la fin de la seconde guerre mondiale ne change rien au fait que la pensée nazie se soit infiltrée désormais partout, pas seulement dans le monde de l’entreprise mais dans nos foyers aussi.
La notion d’efficacité, d’obtenir toujours plus avec le moindre effort, de prendre et de jeter, tout cela participe de notre modernité. Et ce n’est pas les velléités écologiques actuelles qui vont entrer en contradiction avec cette idée puisque l’écologie avant tout est un condensé de méthodes toutes rivalisant d’efficacité en matière de récupération.
Sauver la planète ou sauver les plus efficaces d’entre nous pour créer un nouveau monde, tout à fait semblable à cet âge d’or, à cette idée eschatologique qui utilise le combat contre la faim comme prétexte ? Nous ne sommes pas loin de plonger à nouveau dans l’effroi avec cette crise sanitaire et économique.
Et le gouvernement n’est qu’un ramassis de pantins pathétiques ignorants. La raison c’est que ce sont des gens formés avant tout au management. Ils sont d’une nullité crasse en matière d’économie, ils ne savent même pas les bases.
Keynes ne s’enseigne plus à Science Po pas plus qu’à l’ENA. Et le ministre de l’économie est un triste pitre doublé d’un sacré menteur lorsqu’il se réjouit de son fameux plan de redressement à 100 milliards d’euros.
Ce n’est pas en aidant les plus grosses entreprises qu’une quelconque relance risque d’arriver. Et d’abord ce ne sera jamais 100 milliards qui seront donnés, tout au plus 25 ou 30.
25 ou 30 milliards… Un chiffre déjà astronomique pour la plupart d’entre nous.
Un million, un milliard tout cela est tellement abstrait… si on voulait effectuer une comparaison, un million de secondes c’est 11 jours, un milliard de secondes c’est 30 ans…
Le système capitalisme est comme un fauve blessé à mort et qui dans sa folie meurtrière va encore faire énormément de victimes.
Tout cela parce que nous sommes dirigés par des incompétents, par des ronds de cuir dont le mot d’ordre est l’efficacité mais seulement pour perpétrer une image d’eux mêmes mensongère. Pour pouvoir conserver le pouvoir aux prochaines élections.
« Regardez comme on a tout fait bien avec le peu que l’on avait »
Voilà l’unique message qu’ils nous assènent sans relâche.
On pourrait presque penser qu’ils ne sont là que pour préparer l’avènement de l’extrême droite. D’ailleurs si on regarde les choses de ce point de vue, ils sont véritablement parfaits. Pas de doute que plus nous allons nous enfoncer dans la crise plus les gens perdront tout, plus la faim deviendra démesurée, plus les discours poujadistes seront écoutés et plus on aura de chance ou plutôt de malchance de se retrouver en 2022 avec une majorité d’électeurs près à voter pour les extrêmes que ce soit la droite ou la gauche, peu importe, ce sera celui qui adoptera une stratégie efficace pour pallier la faim, l’urgence de la famine.
Et dans l’art est ce qu’il n’y aurait pas là aussi un peu de ce modèle nazi finalement qui perdure, qui se métamorphose mine de rien.
Lorsque je vois toutes les formations où l’art et le marketing désormais fricotent et ou les maîtres mots sont « action » et « résultat » je trouve assez légitime de m’interroger.
Et le pire c’est qu’on utilise désormais les « bons sentiments » pour fédérer les gens autour de ces notions d’action et de résultat. Les bons sentiments et l’efficacité à la mode désormais dans ce que nous appelons la modernité. Un instant T de notre histoire, sans doute le plus pernicieux, là ou les mensonges ne cessent plus de pulluler, ou la naïveté devient un mensonge comme la bienveillance et l’empathie.
Revenir à la faim n’est sans doute pas une si mauvaise chose que ça dans le fond. Cette crise qui est devant nous, personne ne peut être en mesure d’imaginer son ampleur. La plus grave sans doute que toute l’histoire de l’humanité ait connue.
Si dans les années 30 la crise de l’époque a produit le nazisme, et que ce nazisme a perduré dans ses schémas jusqu’à nos jours, à quoi faut il alors s’attendre désormais ?
Peut-être qu’une solution serait de toute urgence remonter les minima sociaux. De manière substantielle, pas au compte goutte comme cela a été fait. Donner plus aux personnes en bas de l’échelle pour leur permettre de ne pas crever de faim d’une part et aussi de pouvoir dépenser plus ce qui aurait pour conséquence de relancer certaines branches de l’économie rapidement. C’est tellement simple que nos gouvernants dont la pensée est semble t’il labyrinthique, si tant est qu’ils en aient vraiment une, devraient évidemment y penser.
Vouloir « sauver » les plus grosses entreprises pour soi disant conserver les emplois c’est du foutage de gueule ni plus ni moins. Elles peuvent au contraire des petites bénéficier de prêts bancaires sans avoir besoin pour autant de montrer patte blanche comme nous autres indépendants.
Du coup quand je vois une accumulations de fautes à ce point de la part de nos gouvernants je me dis ce que tout le monde peut se dire, ce sont des cons incompétents.
C’est peut-être exactement ce qu’ils veulent que nous pensions finalement. Il me vient parallèlement cette autre idée que tout, absolument tout est déjà prévu de longue date, ces apparentes erreurs ne sont que les étapes d’une machinerie infernale dont l’efficacité ne devrait plus se faire attendre, mettons aux prochaines élections et ce dans de nombreux pays en même temps.
J’ai du mal à croire aux théories complotistes, mais tout de même, si on voulait changer la face du monde totalement avec toujours ce même moteur du profit, on ne ferait pas autrement que ce nos gouvernants sont en train de faire dans une maladresse apparente. Une maladresse si énorme qu’on est bien en droit de se demander si elle ne dissimule pas une efficacité redoutable ?
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