Petit garçon

Zeus le regarda de haut ce petit garçon cet Ulysse. Ce petit homme qui lève le poing vers lui et qui bredouille tout un tas de fadaises . Et bien sur Zeus le roi de tous les dieux à cet instant n’est plus rien d’autre qu’un père démuni.

Comment ? Je t’ai donné le vin le souffle le pain et le sang et tu me provoques ? Tu me rends responsable de tous tes maux ?

On peut être le roi des dieux et être soudain assailli par une confusion mortelle.

Tu vas voir ce que tu vas voir nabot mon enfant chéri…

Et paf pour commencer tu ne rentreras pas directement chez toi je vais te faire errer sur les flots pour t’apprendre à vivre mon petit têtard.

Et puis Zeus vaque à ses nombreuses inoccupations comme tout dieu qui se respecte.

Ulysse qu’as tu donc dans la peau dit Athéna, née de la cuisse de Jupiter. Elle l’admire et tient l’outil de sa vengeance en même temps, une vengeance simple de fille envers un père, rien de plus rien de moins.

Et le voilà le petit garçon avec ses compagnons et ils rament et ils rament sur la mer vineuse.

Ils s’arrêtent dans des iles bousillent des cyclopes, des monstres, tentent de séduire des jeunes filles, des magiciennes, et se prennent des bâches, puis tombent dans à peu près tous les pièges, voient un tas d’horreurs et de merveilles, certains meurent certains vivent.

Un jour ils arrivent dans cette région où vivent les sirènes.

Attachez moi à ce mat braille Ulysse je veux écouter leur chant.

C’est le vrai but de toute l’histoire.

Même Zeus ne peut rien quand le petit garçon comprend soudain que tout ce qui est sublime nait d’une totale incohérence.

On dit que les sirènes se sont jetées du haut des falaises après que le petit garçon les a écoutées.

C’est tout l’Olympe qui les a suivies mais ça on ne le dit pas. On ne le dit jamais.

Huile sur toile 120×90 Patrick Blanchon Collection privée.