Le binôme de bidasses patauge dans la boue.
L’un s’agenouille pour faire signe à l’autre et vice versa de la progression.
Le but est toujours de se défendre ou de tuer.
L’ennemi invisible peut surgir de toutes parts.
C’était cela les classes je m’en souviens.
tout ce temps perdu bon sang.
avant d’obtenir le grade le galon.
Dans les forets les champs les plaines et les vallons
autour de Saint Cyr Coetquidan.
Jusqu’à Penthièvre
Et j’y croyais encore longtemps après
Et j’y ai cru comme on croit au jour et à la nuit
dans une succession un héritage.
L’amour la haine, marche en avant
Dors en marchant
Dans un automatisme hallucinant.
Le poids des armes sur l’épaule trace des sillons
la mitrailleuse, le Famas le LRAC
Marche en avant oublie la douleur
les ampoules aux pieds
Faut y arriver sinon t’es quoi ?
t’existe pas
t’es rien
on m’a dit sans me le dire vraiment
tout était tacite.
Mais j’ai tout bien compris.
Cette nuit là je me suis assis
je suis sorti du groupe
mon cul sur le talus
j’ai dit pouce
Allez z’y sans moi l’amour la haine j’en peux plus
Foutez moi donc la paix
Quelqu’un alors s’est pointé
m’a retiré mes ailes
de petites ailes de bleu bite
Qui m’aidaient à parler aux filles
des bars voisins comme des plus lointains.
Suis resté silencieux
J’ai découvert la paix.
Les loups se sont retirés dans l’ombre des forets
J’étais comme eux mais un peu en mieux.
Je n’avais plus faim comme avant.

Derrière, devant, entre, autour, dessus, dessous ces mots, j’ai du mal à m’imaginer la souffrance connue de ces acteurs… D’un coup, le reste paraît dérisoire…
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