Une préoccupation de peintre : le beau
En tant que peintre évidemment la beauté est un sujet de préoccupation.
Une sorte de tarte à la crème si je peux dire.
Il y aurait quelque chose d’impérieux qui gouvernerait toutes les intentions du peintre afin de les ramener tant bien que mal à une idée de beau.
La question que l’on pourrait alors se poser si on avait un tant soit peu de jugeotte c’est de savoir si le beau est une notion subjective ou objective ?
Elle est un peu des deux à mon avis lorsqu’on débute.
Une confusion s’opère entre le gout personnel et l’opinion générale concernant la beauté dans laquelle nous baignons en toute inconscience.
Parvenir à effectuer le distinguo, n’est certes pas une sinécure.
Le beau est t’il une décision ?
Et puis il faut une sacrée dose de vanité aussi pour déclarer quelque chose comme « c’est beau parce que j’ai décidé que ce l’est tout simplement » et persister afin d’éprouver ce sentiment très particulier : celui de vouloir avoir raison.
Cette décision est le fruit d’un choix et de nombreux renoncements.
Mais malgré tous les efforts à produire pour y parvenir nul ne peut en garantir la réalité pas plus que la véracité.
C’est un « beau empirique ».
Et cela tombe bien car nous sommes désormais dans l’ère la plus empirique qu’il soit.
Si les grecs se perdaient autrefois dans les méandres de la philosophie et des mathématiques pour rêver d’harmonie, notamment en architecture on voit clairement désormais le résultat de cette formidable perte de temps.
Y a t’il encore beaucoup de temples hellènes vaillants ? La plupart ne sont plus que ruines plus ou moins bucoliques.
Ce qui n’est pas le cas du Colisée à Rome apogée si l’on veut d’un apprentissage « à la dure » ou dans « le vif » du sujet.
C’est qu’il y a une grande différence entre ceux qui réfléchissent et qui au bout de longues réflexions parfois agissent, et ceux qui font, subissent des échecs puis recommencent.
Le beau chez les anciens
Ce qui est beau pour un romain est sans doute ce qui dure, ce qui est utile et se mesure à la sueur de tous les fronts qui l’ont bâti. Depuis le premier muret , la première route départementale, en passant par les aqueducs petits moyens puis grands.
Alors que pour un Grec le beau est du domaine des Idées et la plupart du temps il y reste.
Cela fait réfléchir sur l’apprentissage en général et en peinture en particulier.
Faut-il donc un diplôme sanctionnant un parcours intellectuel la plupart du temps et très peu de pratique ?
Ou bien faut il l’intensité et la persévérance, l’obstination de vouloir seulement s’exprimer ?
L’idéal serait de posséder les deux évidemment mais ce n’est jamais vraiment le cas.
Ce que l’on gagne en savoir, en connaissance agit de façon inversement proportionnelle à l’intensité, à l’énergie que l’on doit déployer en toute ignorance pour parvenir à ses fins.
C’est sans doute la raison pour laquelle tellement de diplômés des Beaux-arts entament une carrière dans le marketing ou sur Youtube plutôt que de s’acharner devant une toile, une sculpture.
Pour en revenir à nos moutons
Vous me direz c’est intéressant mais comment le beau devient-il le laid ? puisque tu le dis, puisque en quelque sorte tu l’as promis … c’est que forcément tu as une idée là dessus, non ?
C’est vrai j’ai une idée. Mais ne croyez pas que cette idée apparaisse dans mon esprit d’une façon claire, une idée n’apparait jamais ainsi, ou du moins ce qui s’avance en tant que tel n’est jamais une idée intéressante.
C’est plutôt une couche superficielle d’éléments qui s’agglutinent à la va vite pour masquer autre chose. Et il faut d’abord s’intéresser à cette pellicule et la gratter avec un minimum de patience pour la crever et apercevoir enfin se qui se dérobe pour être capturé.
L’Idée comme le Beau se dérobent.
C’est la raison pour laquelle la plupart des gens restent attachés à une notion collective, rassurante, facile de ces ces deux notions.
Le beau un lieu commun d’où surgit la laideur ?
On se rassemble ainsi dans les idées comme dans une notion de beauté d’une époque
Cela ne serait pas bien grave après tout, s’il n’y avait cette fichue manie de tout vouloir s’approprier pour soi.
C’est mon idée, Moi je trouve ça beau et puis ça laid.
Comme on le dit encore dans certaines campagnes : « la fille la plus belle du monde ne peut donner que ce qu’elle a. »
C’est à dire que ces mots d’ordre de l’Idée et du Beau si rassurants puissent ils être, si attrayants par le confort dans lequel ils nous installent sont comme un sein.
On peut les pétrir autant que l’on veut il n’en sortira pas une seule goutte de lait.
La disparition du banal
C’est lorsque on se détourne du sein comme du mot d’ordre qu’une fissure s’opère, que la matière s’écarte mystérieusement. C’est du plus profond de l’ennui et de l’à quoi bon que soudain l’aurore pointe son joli minois.
Eblouissement du banal jusqu’au plus haut degré du vertige !
On lévite sans même le vouloir tout à coup au dessus des cohortes qui s’étripent et qui s’accolent.
Comment le beau devient-il le laid ?
Il n’y a qu’à constater les dégâts, à compter les points, à ramasser les cadavres et les enterrer. Et même si l’on veut pour marquer le coup graver des noms pour la postérité à la craie blanche.
Le beau c’est un peu comme la connerie au bout du compte c’est la chose la mieux partagée du monde.
Sauf que chacun veut se l’approprier rien que pour soi envers et contre tous mine de rien. L’Idée et la Beauté stigmatisées par l’idée de propriété.
Et ce, même dans un état dit démocratique, ce qui est plutôt fort de café ! parce que d’emblée on pourrait penser que c’est une préoccupation de privilégié, pour ne pas dire de seigneur ou de bourgeois.

Beaucoup de choses, et de peintures, se trouvent entre le beau et le laid, pourquoi vouloir à tout prix classifier ?
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oh oui Christine ! Pourquoi ? bonne question !
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