Avantages et inconvénients de la prise de notes

Nous connaissons tous cette histoire où un jeune garçon a tellement peur de s’égarer qu’il emporte des miettes de pain dans ses poches afin de poser des points de repère dans la forêt. Cela part évidemment d’une ignorance de ce que sont l’égarement et l’appétit des oiseaux. Mais si cette première action n’avait pas été tentée il n’y aurait pas de retour, le Petit Poucet ne pourrait pas en tirer la conclusion qu’au lieu de miettes il est préférable de semer de petits cailloux.

Hier j’ai retrouvé cette peur de l’égarement par hasard. Comme quoi nous n’en sommes jamais totalement indemnes. Et ce même si on a déjà expérimenté énormément de stratégies dont l’objectif récurrent est de ne pas oublier son chemin ni cette peur surtout de l’oublier.

En pleine crise de procrastination, errant parmi les divers objets de mon atelier je me suis finalement assis pour ouvrir ma tablette et me connecter à YouTube. Je me souviens que j’avais juste envie de voir un reportage sur la grotte d’El Castillo, en Espagne concernant l’art pariétal. Mystère des lubies qui me traversent régulièrement…

Au début d’une vidéo traitant de la grotte Chauvet… une publicité a attiré mon attention.

Il s’agissait d’un jeune homme de 16 ans Eliott Meunier ( je vous mettrai le lien en fin d’article promis) dont le bagou et l’intelligence me sidérèrent presque immédiatement.

Il vendait une formation sur la prise de notes intelligente ( encore une de plus me suis je dit ) mais le prétexte n’avait que très peu d’importance finalement car ce qui comptait était la fascination qu’il exerça sur moi durant les toutes premières minutes.

Avec une excellente organisation de sa pensée, son éloquence et sa bouille sympathique il capta mon attention et je repoussais de plus en plus le moment où normalement je devrais appuyer sur le message  » passer les annonces ».

En haut à gauche de l’écran un lien commercial se mit à clignoter et sans réfléchir je cliquais dessus.

Il s’agit d’une formation gratuite de quelques jours par email pour se constituer un second cerveau qui va ô joie emmagasiner tout une masse d’informations, facile à retrouver et qui laisserait le premier faire son boulot tout simplement, l’allègerait en ne perdant plus de temps à faire autre chose qu’à réfléchir.

A l’aide de captures d’écran Eliott Meunier me démontra, une fois inscrit , l’importance de prendre des notes et surtout de pouvoir intelligemment les utiliser afin de créer des articles, des vidéos, des podcasts etc… en seulement quelques clics.

Autrement dit comment utiliser la procrastination pour augmenter sa productivité par ce que l’on nomme l’effet cumulé, et les intérêts composés.

Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire que cette notion d’effet cumulé allez vous me demander

Et bien pour résumer c’est le fait de faire une chose un petit peu tous les jours, de mettre en place une habitude, une action qui lorsqu’on la réalise sur le moment n’a l’air de rien mais qui au terme d’un certain temps produit de la valeur.

Pour ne citer qu’un seul exemple de ce que représente cet effet cumulé je pourrais citer ce blog par exemple.

Je passe en moyenne une heure par jour pour écrire un ou plusieurs articles depuis 3 ans désormais.

Ce qui désormais représente plus de 1500 articles.

Si je prends une moyenne de 2000 mots par article, cela représente 3 000 000 mots écrits depuis toutes ces journées ces semaines, ces mois ces années !

De quoi écrire plusieurs livres si j’en avais le courage, la motivation autrement dit si je m’attachais à une discipline.

Du coup j’ai l’effet cumulé mais pas encore vraiment le gout pour les intérêts composés.

La principale difficulté que je rencontrerais si je devais utiliser tout ce contenu pour le transformer en livres serait de regrouper ces textes par catégories, ce que permet déjà WordPress à condition que l’on utilise l’option.

J’avoue qu’au début je ne l’ai pas beaucoup utilisée pas plus que la notion d’étiquettes.

Cela signifie que je ne peux pas rattacher de nombreux textes entre eux par ce que l’on nomme un système de maillage interne.

J’ai réglé partiellement cette difficulté lors de la création de mon premier livre en revenant dans l’interface de gestion des articles ce qui apparemment n’est plus aussi facilement accessible désormais.

J’ai construit un menu dans lequel j’ai utilisé des mots clefs comme « propos sur la peinture » « récits de fiction » « poésie » par exemple pour avoir des dossiers dans lesquels ranger rapidement chaque nouveau texte.

Classement très sommaire évidemment.

Cela pose une question c’est comment appréhender à la fois nos connaissances sur un thème, comment percevoir les limites de notre savoir sur ce thème, et comment éviter les redites ? C’est à dire ne pas rabâcher toujours les mêmes choses jusqu’à saouler son audience.

Une idée qu’Eliott Meunier propose c’est de considérer tout contenu comme un assemblage de briques dont il faut trouver les concepts essentiels.

C’est à dire qu’à chaque fois que l’on lit un bouquin, regarde une vidéo, écoute un podcast s’imposer la discipline de déconstruire le contenu pour en déceler les concepts essentiels. C’est ce qu’il nomme la phase de déconstruction.

Puis de créer une note globale sur chaque contenu avec nos propres mots sous forme de titres puis le blabla qui l’accompagne en dessous.

Ensuite il s’agit de reprendre chacun de ces titres pour en faire une note permanente qui toujours avec nos mots notre langue personnelle résumera le concept afin de le dissocier et ainsi le rendre autonome. Cette note sera bien sur reliée ensuite à sa source, et à de nombreux liens sous forme de mots clefs et de backlinks, le fameux maillage interne et externe.

L’objectif est de crée ainsi tout un réseau d’information autour d’une thématique semblable au réseau neuronal de notre premier cerveau.

Pour illustrer son propos Eliott Meunier utilise un logiciel gratuit nommé Obsidian.

Evidemment il en fait la pub et au travers d’autres vidéos de sa chaine You tube il nous montre la manière de l’utiliser de façon schématique pour nous donner l’envie de nous le procurer. Et surtout de suivre sa formation payante afin de pouvoir tirer la puissance maximum de ce système de prise de notes.

Bon.

Je me suis évidemment dit que c’était tentant. On ne va pas se mentir c’est un rêve d’imaginer appuyer sur un bouton et d’avoir un contenu qui se construit magiquement devant nos yeux n’est ce pas ?

C’est un rêve récurrent chez moi en tous les cas.

Plusieurs fois dans ma vie j’ai été obsédé littéralement par ce syndrome du Petit Poucet. Seulement voilà je prenais un tas de notes sur tout un tas de carnets et je ne les relisais que très rarement. Je me disais toujours ce sera pour mes vieux jours vous voyez ce que je veux dire.

C’est le genre de chose qui n’arrive probablement jamais.

Aujourd’hui j’ai atteint un âge avancé et j’ai perdu pas mal de ces carnets de notes, j’en ai même jeté beaucoup à la poubelle dans mes moments de lucidité aigue.

Mais régulièrement ça me revient d’une façon ou d’un autre.

Et je me dis comme ce serait chouette, appuyer sur un bouton et tout retrouver aussitôt.

C’était déjà ce que j’imaginais de l’informatique en général lorsque dans les années 90 j’ai touché pour la première fois un clavier d’ordinateur.

Et là je suis resté comme un con.

Parce qu’avant d’appuyer sur le fameux bouton je me suis rendu compte qu’il fallait faire un travail prodigieux en amont pour comprendre comment tout cela fonctionnait. Comment ouvrir une fenêtre déjà, comment écrire sur un traitement de textes ? comment utiliser Excel ? et j’ai passé des mois à étudier toutes ces choses avant de pouvoir enfin me retrouver devant mon écran pour pénétrer dans le vif du sujet.

Ce que je ne fis pas tout de suite car c’était les débuts d’internet et il y avait là aussi énormément de choses que je ne possédais pas et dont je me suis donné l’obligation d’étudier.

Il y a deux ans je tombe sur un vidéo d’Antoine BM sur la prise de note intelligente et tous mes vieux démons se réveillent. Je profite d’une promo et j’achète cette formation et je m’y colle.

A la vérité je n’ai jamais pu aller plus loin que les premiers modules. Quelque chose me disait que je perdais mon temps à suivre cette formation et évidemment je m’en suis voulu de m’être fait avoir par moi-même, par ces idées de manque ou de peur ou je ne sais quoi encore.

Cela me montre à quel point en tant qu’internaute je suis vulnérable.

C »est à dire que l’on peut passer à un état de consommateur passif qui cherche du contenu sur l’art pariétal au statut de prospect puis de client en l’espace d’à peine quelques minutes.

Je ne crois pas être le seul à qui cela arrive n’est ce pas …

Si je devais résumer les avantages de prendre des notes c’est à mon avis qu’il s’agit de rendre la procrastination plus acceptable vis à vis de nos propres yeux. Prendre des notes et les flanquer dans un carnet ou un logiciel en vrac au fur et à mesure de nos lectures ou de la consommation de nos innombrables contenus n’est rien d’autre qu’une façon de se donner « bonne conscience ».

Et cela ne sert à rien si on ne possède pas un système solide de classement par thématique, par concept, par auteur, par tout une série d’exemple et d’articles connexes qui permettront ainsi de se faire une idée de l’état de nos connaissances sur un sujet précis.

Si on n’est pas créateur de contenu soi-même, j’imagine que cela ne sert pas à grand chose de posséder un tel système.

Et encore faut il s’entendre sur la définition de créateur de contenu évidemment.

En ce qui me concerne je crois que le désordre, que l’anarchie même de mes différentes connaissances même si parfois cela me plonge dans un ennui épais, me permet également d’avoir des moments de créativité intenses.

Je ne pense pas que j’éprouverais le même plaisir de voir surgir les idées si je n’avais pas cette impression agréable qu’elles surgissent à la fois de partout et de nulle part lorsque je les vois apparaitre sur mon traitement de textes.

En vrai je n’ai pas d’autre but que le plaisir de jouer avec toutes ces connaissances et ces idées, je ne cherche pas à en tirer un avantage financier la plupart du temps.

D’ailleurs cela arrive tellement rarement à mon esprit que je pourrais bien trouver cela suspect au bout du compte ne trouvez vous pas ?

L’un des inconvénients majeur de tous ces systèmes de prise de note désormais c’est que j’ai la sensation de déléguer mon intelligence à un système, à une machine dont je deviendrais esclave.

Les carnets se perdent.

Les supports numériques ne sont pas éternels j’ai déjà vu cela avec les CD et DVD que l’on nous vendait autrefois comme inusables, indestructibles.

Je suis peut-être vieux jeu en fin de compte je fais confiance à l’inconscient dont les objectifs comme les voies de tous les Dieux sont impénétrables.

Impénétrables cela ne signifie pas qu’ils n’existent pas ces objectifs. Ils sont cependant différents de ceux auxquels on s’accroche pour passer le temps comme on dit.

Un peu d’humour pour terminer.

La nuit dernière j’ai rêvé d’un bouchon en Loire Atlantique, le lendemain je me suis dépêché de peindre ce petit 20x20cm pour ne pas l’oublier.

Bouchon en Loire Atlantique

Lien vers la Chaine Youtube d’Eliott Meunier :https://www.youtube.com/channel/UCPo1nFSGNkyzrA9yvtkEvIw

4 réflexions sur “Avantages et inconvénients de la prise de notes

  1. « Je suis peut-être vieux jeu en fin de compte je fais confiance à l’inconscient dont les objectifs comme les voies de tous les Dieux sont impénétrables. » Patrick Blanchon

    Idem 🙂

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  2. Je me reconnais dans tous ces carnets de notes ou mes grands cahiers d’esquisses. Ce sont des oeuvres en soi et pour moi, cela n’a jamais été plus loin que ça. J’aime les empiler, les regarder de temps à autres mais je ne suis jamais revenu, ne serait-ce qu’une fois sur des notes dans un nouvel acte créatif. Bonne journée et essaie d’éviter le chant des sirènes de la toile 🙂

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