La fulgurance.

Pour moi elle ne se trouve certainement pas sous le sabot du premier cheval venu. Elle me demande du temps, des heures, des jours parfois même des années. Tout ce que l’on ne montre jamais vraiment dans un tableau.

Je suis sorti de ça, du coté épatant de la fulgurance. Car elle épate trop et égare à la fois les autres comme moi-même.

Lorsqu’elle surgit, car elle surgit toujours je la comprends mieux.

Elle est féminine comme une impatience. Elle demande à être rassurée tout en n’exprimant que le risque. Le paradoxe de la fulgurance, il faut aussi se pencher dessus. L’épouser d’une certaine façon pour le meilleur et pour le pire.

C’est assez proche de l’abandon sans l’être tout à fait.

C’est se souvenir dans l’instant de quelque chose qui n’a jamais bougé. D’une immobilité que l’on dévoile à la vitesse d’un trait, d’un carreau d’arbalète, d’une touche de couleur qui doit être là et nulle part ailleurs. Que l’on ne remet plus en question. Avec laquelle il faut de toutes façons composer.

C’est comme un je t’aime, un je te hais. Tous ces prétextes dont on use pour fatiguer quelque chose qui tombe enfin à genoux pour laisser passer la clarté.

La fulgurance n’est pas un but, elle surgit lorsqu’on n’attend plus rien, lorsque la mort, l’anéantissement est là à égalité avec la vie, la plénitude de vivre.

La fulgurance c’est l’éclat argenté d’un poisson qui file entre les herbes folles du rivage et qui nous ravit.

La fulgurance c’est cette amante qui se dérobe durant des années et dont l’attente est l’hameçon qui pénètre la chair, on s’habitue à la douleur car elle nous laisse entrevoir le plaisir.

Et puis rien de tout cela, rien de tout ce que l’on peut penser n’est assez juste pour l’évoquer.

La fulgurance c’est la vie, on ne la voit pas car nous croyons à la durée, au temps qui nous aveugle comme une nuit.

La fulgurance ce n’est rien d’autre que l’éternité.

Huile sur papier Patrick Blanchon 2020

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