Tout à coup je tombe sur ce mot que je n’avais pas utilisé depuis je ne sais plus combien de temps. Au lycée vraisemblablement alors que je pistais une petite brune délurée et militante à la ligue de surcroit.
Du coup je m’étais inscrit à la ligue communiste révolutionnaire ( LCR) j’allais donc allier l’utile à l’agréable forcément.
Mais je fis chou blanc. La petite brune m’envoya promener aussitôt qu’elle comprit que je n’étais qu’un transfuge de la petite bourgeoisie. Et puis elle ne m’appela jamais plus camarade, terme qui d’ailleurs, dans mon souvenir n’était plus utilisé qu’à de très vagues occasions, par Jean Ferrat le chanteur, Georges Marchais, encore que ce dernier préférait le terme de « travailleurs » comme d’ailleurs Arlette Laguiller qui détient toujours à mon avis, le record du nombre de fois où une personnalité politique se présente en vain à l’élection présidentielle en France.
Du coup je revois défiler toute mon histoire avec la gauche. Oh une histoire banale d’espoir et de déception, une histoire que j’associe encore vaguement avec cette brunette dont j’ai d’ailleurs oublié jusqu’au prénom et puis ce trou noir, la perte de l’emploi du mot camarade.
Désormais le mot « allié » le remplace. Cette fameuse union de la gauche, cette Arlésienne on la remet sur le tapis à chaque veille d’élection, mais remarquez bien, on ne dit plus camarade.
Il faut s’aimer quand même un minimum pour employer de tels mots. Encore que s’aimer c’est un peu fort. On doit s’estimer un minimum je dirais.
Et puis après les expériences plutôt tragiques de gouvernance de la gauche, la dernière en date étant d’un rare grotesque ou burlesque, les deux sans doute, je ne me sentirais pas d’y aller du camarade avec un Hollande, pas plus qu’avec un Mélenchon.
C’est étonnant comme un mot peut tomber en désuétude. Un mot qu’on a employé de son vivant et qui désormais appartient à une langue morte.
Camarade c’est un peu comme Veni vidi vici quoique cette dernière expression soit devenue plus courante à mon avis puisque les écrits de César reviennent régulièrement à la mode étant donnée la similitude de faits entre Macron et l’impérial Romain qui remporta une victoire sénatoriale fulgurante contre Pharnace Roi du Pont en 47 avant notre ère.
J’aurais pu utiliser ce mot avec mes collègues artistes mais ça ne convient pas tellement à l’étymologie que je connais désormais car il m’arrive parfois d’être scrupuleux, de vérifier mes sources.
Non jamais eu de potes de chambrée maniant le pinceau ou le ciseau que je puisse interpeller ainsi désolé. C’est à dire une relation d’amitié authentique, dans laquelle on partagerait son manteau ou un quignon de pain comme les mêmes préoccupations.
Dans ces réunions ces chapelles, ces églises où les artistes se côtoient la plupart du temps en chien de faïence, on ne peut pas dire vraiment qu’il existe une franche camaraderie. Ou alors elle se découvre en creux en négatif comme une absence magistrale.
Non les artistes même pauvres ont souvent une mentalité de petit bourgeois attachés à leurs prérogatives d’autant plus qu’ils n’en possèdent guère. Et ce surtout chez ceux qui se prétendent « cool », « zen » j’ai bien pris le temps de regarder, de tout observer.
Car y a toujours soit une histoire de fesses, une histoire d’argent, une histoire de reconnaissance, d’entregent, qui motive leurs élans.
Y a plus de camarade qui tienne dans ce monde idiot, il n’y a plus que quelques copains et encore faut voir car la limite du copinage s’est aussi pas mal rétrécie comme une peau de chagrin ces jours derniers.
Oh non ! Camarade n’appartient pas à une langue morte ! Heureusement que « dans ce monde idiot » des gens luttent et ce cessent de l’utiliser, ils savent sa valeur et sa portée. Mais il faut le prononcer avec conviction, avec son sang et son cœur. Il est si fort. Il est si beau. « Heureux celui qui meurt d’aimer » disait le poète… 🙂
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Chouette alors ! 🙂
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*ne cessent
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Ah zut et merci 🙏
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