Je vais passer un coup de Gesso, ce tableau ne me plait pas, elle dit comme on appelle au secours. Je la regarde, tous les signes du désespoirs sont sur son visage, mais ce n’est pas vraiment du désespoir. C’est plutôt une question.
Et si je dis ça que diras-tu que feras-tu.
C’est un jeu auquel je suis invité à participer.
Ai-je envie ? Parfois oui, parfois non, je suis comme tout le monde, j’ai mes humeurs.
Encore qu’ici c’est assez magique, je suis toujours de bonne humeur. Le revêtement du sol vert pomme, une luminosité générale due aux ouvertures nombreuses sur le parc, et toutes ces femmes, mon dieu toutes ces femmes… le petit café que l’une prépare, le petit gâteau qu’une autre me tend, l’atmosphère bon enfant.
Même totalement crevé d’avoir encore passé une nuit blanche je reste de bonne humeur, c’est formidable.
Non mais ça va pas je dis. Tu crois que tu vas t’en tirer comme ça ? Il est bien parti ce tableau, t’es juste bloquée voyons voir ce que l’on peut faire…
Un glacis de bleu là, peut-être et je lui indique que sa composition s’en trouverait améliorée si elle divisait sa toile pour faire surgir un carré et un rectangle.
Ensuite peut-être qu’on ne sait pas encore si c’est un plat avec des fruits ou un vaisseau extraterrestre transparent de forme sphérique… à suivre… et puis en bas pourquoi tu ne mettrais pas le mélange de bleu et d’orange pour fabriquer une terre ?
Laisse ton Gesso dans son pot, tout ce qu’il faut faire c’est continuer.
Elle hoche la tête incrédule comme si j’avais pas répondu comme il faut. Comme si le miracle attendu n’était pas venu.
D’abord le glacis de bleu je dis. Après on verra bien ce que ça donnera … je suis comme toi je n’en sais pas plus pour le moment, tout ce que je sais c’est qu’il faut continuer, ne pas s’arrêter à ça.
