Faire le job

Richard m’avait parlé de Serge Gainsbourg. Aux Trois Baudets ils s’étaient rencontrés et avaient sympathisé. C’était un type bien Gainsbourg avait dit le vieux, pas comme certains autres qui venaient là pour chanter. Il avait toujours un mot, une attention.

Place Fürstenberg je l’ai rencontré à mon tour quelques mois plus tard. J’avais quoi 20 ans à peine. Je jouais de la guitare pour gagner quelques sous. On était une petite bande à rêver devenir chanteur un jour. Tout cela était terriblement romantique. Et puis on chopait des poux sur le banc public vu que c’était là que roupillaient l’été les clodos.

Un soir Gainsbourg est passé, il habitait pas loin , rue de Verneuil. Il y avait un clochard vautré sur le banc d’en face qui lui a fait un petit geste en premier, bonsoir Milord l’Arsouille qu’il a dit le clodo.

Gainsbourg a sorti son larfeuille, a pris un billet et l’a fichu dans la fente du réverbère qui éclairait notre univers commun en plein milieu de la place, puis il est reparti sans rien dire.

Le clodo s’est levé a été récupéré le billet et on l’a laissé faire bien sur, on avait besoin de sous mais pas au point de dépouiller un pauvre.

Des années encore après, peut être deux ou trois j’ai trouvé un boulot chez Giorgetti à Clichy qui tenait un studio de photographie. Il dirigeait une revue de musique rock je ne me souviens plus de laquelle vue que je ne m’intéressais pas à ce genre de musique là.

A 23 ans je n’écoutais guère que de la musique Tzigane et Django Reinhardt. On s’était rendu rue de Verneuil pour faire un reportage, je portais les balkar et tout un tas de matériel vu que j’étais l’assistant.

Je me souviens qu’il m’a dit attend je t’aide Gainsbourg, j’ai été bien surpris qu’un type comme lui fasse attention à un type comme moi, ça m’avait vraiment touché et je crois qu’ensuite j’ai écouté toutes ses chansons quasi religieusement. Comme quoi le gout faut pas aller chercher bien loin.

Voilà ce que j’avais à dire sur ça.

Richard avait ajouté il faisait le job et il se cassait, parce qu’a l’époque on devait chanter dans plusieurs cabarets durant la nuit, on devait y aller à pince souvent et ce n’était jamais la porte à coté.

Faire le job. J’adore cette expression je dois trouver ça biblique sans doute.

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