Dans ma jeunesse J’ai vécu avec les cafards tellement longtemps que ça ne me fait plus grand-chose d’en croiser un au sens propre comme au figuré.
Je me découvre mithridatisé ( du roi Mithridate qui s’empoisonnait un petit peu tous les jours parce qu’il avait peur d’être empoisonné).
Et c’est vrai que je ne supporte pas beaucoup la tristesse, la déprime surtout chez autrui, car à partir de là je suis capable de me transformer séance tenante en bon samaritain chiant comme la pluie.
Heureusement que je n’arrive pas à le faire pour moi-même sinon ce serait la double peine.
Non, sérieusement, quand j’ai le cafard je m’assois dedans et j’observe.
Une part de moi observe ce que les autres parties fabriquent. J’ai toujours eu cette possibilité depuis l’enfance. Une sorte de dédoublement qui parvenu à l’âge adulte aura occasionné pas mal de sueurs froides. Car je me pensais frappé d’anomalie mentale, j’étais probablement schizophrène, j’allais très mal finir, emmailloté dans une camisole et gavé d’anti dépresseurs et autres anxiolytiques.
En fait non je n’étais dangereux pour personne d’autre que moi seul, et puis j’étais responsable je ne m’accrochais pas au déni. Toujours cette propension à fuir la facilité.
Dans mes piaules insalubres les cafards cavalaient sur le papier peint des murs. Au tout début j’ai éprouvé un trouble, comme une salissure profonde, quelque chose qui attaque l’âme. Puis je me suis demandé si j’avais réellement une âme, et à quoi cela pouvait bien ressembler.
J’ai assez vite réglé le fantasme de la pureté d’âme qui allait me mener à une sorte d’hallucination fascisante de la réalité. En mettant de coté le noir et le blanc comme seules bornes à cette fameuse entité qu’on appelle l’âme, la nuance est venue à moi. Et avec la nuance mes premières peintures véritables.
Comment expliquer ça aux gens c’est quasiment impossible. On ne vous écoute même pas. On vous rit au nez et on tourne les talons.
Quel chiant celui là avec son âme !
C’était pareil avec les voyages j’ai remarqué. Essayez de ramener un DVD de vos photos de voyages à un repas et demandez à la maitresse de maison de le diffuser sur la télé. Vous allez voir sa moue déconfite aussi sec.
Quand on est avec les gens on ne parle pas d’âme, pas de voyage, et on la boucle sur les cafards.
Il reste tout un tas de choses sur lesquelles échanger et on peut y aller de bon cœur sans crainte.
— Il fait beau t’as vu
— Tu as fait quoi de bon pour midi
— Tiens la facture d’eau est arrivée.
—Si on allait faire les courses ?
Des phrases bateau toutes faites voilà ce qu’il est louable d’échanger avec ses contemporains. Vous allez dire que c’est facile, ça l’est peut-être pour beaucoup. Mais imaginez la somme d’efforts pour quelqu’un qui ne trouve absolument rien de facile ici-Bas.
J’ai du faire énormément d’efforts pour simplement dire bonjour déjà, que je vous fait grâce du reste.

Salut, Patrick, comment vas-tu ce matin ? Moi, ça va… Soyons sérieux, super, ton tableau !
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Au poil Christine je déborde d’énergie ( ou de hargne ce qui est souvent synonyme chez moi ) Merci pour le compliment ! belle journée !
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