Je ne pourrai jamais être un homme politique, je manque bien trop de sang-froid. Et puis apprendre la langue de bois à mon âge nécessiterait des efforts inconsidérés. Non, il faut que je me fasse une raison c’est râpé, voilà.
D’autres semblent plus téméraires mais en général ça finit plutôt mal. Que ce soit parmi les comiques ou les polémistes il y a fort à parier qu’au cénacle des politiciens, on n’y entre pas comme dans les toilettes des dames prétextant la cohue ou une envie pressante.
C’est à dire que c’est une chose d’avoir l’envie, les idées, l’intonation et de rallier une audience, c’en est une toute autre de pouvoir afficher une façade digne de la fonction.
Je dis bien une façade parce que derrière celle-ci les politiciens sont des femmes et des hommes à peu près comme tout le monde.
Sauf que moi quand je me trouve nez à nez avec un couillon, je rigole, je me fous ouvertement de sa fiole, ce qu’un politicien ne peut pas faire.
Observez et vous saurez, il n’y a qu’à aller chercher dans votre mémoire.
Est-ce que De Gaulle aurait manqué de tact en public ? Est-ce qu’il se serait permis un doigt d’honneur devant les caméras ? Est-ce qu’il aurait dit pauvre type à un français ? Non bien sur il avait une classe certaine, menton haut, pour ajouter encore à sa haute taille, œil réprobateur sans doute, mais on ne l’a pas vu mal dire, mal se comporter. C’était un vrai lézard !
Mitterand était capable de patience quand un con déballait ses arguties il souriait genre malin et disait « comme c’est intéressant » et le con repartait tout joyeux d’avoir été entendu. C’était un reptile.
Chirac embrassait et enlaçait à tour de bras et grand renfort de jovialité en bouffant des pommes et du saucisson. Il voulait être pour les gens une sorte de grand frère perpétuel surtout dans les foires , c’était une couleuvre.
Ils n’en pensaient pas moins ces hommes d’Etat, mais se taisaient par égard à la fonction.
Tout à changé depuis bien sur, mais pas tant qu’on l’imagine.
En France le chef de l’état est un monarque en costume. On devrait toujours s’en souvenir.
Et être monarque c’est pas de la tarte.
Je regarde le paysage politique et je n’en vois guère. Il y a des imitateurs, de pâles copies, il y a des personnes poussées par leurs convictions mais trop romantiques, auxquelles le sang-froid manque cruellement.
Sans doute est-ce aussi une affaire d’éducation, de droit de cuissage, d’adoubement, le fait est que ça fait bien 50 ans qu’on place des parvenus aux fonctions, et que ça n’apporte rien de bon.
Il faudrait peut-être un roi véritable qui n’ait pas honte de l’être, un animal à sang-froid style dragon de Komodo qui sache tenir sa cour, son rang et son peuple.
Un roi des cons finalement qui s’adresserait aux cons que nous sommes de toujours croire au Père Noël, tout en sachant que celui-ci n’existe pas.
En plus on n’aurait même pas à aller voter, pas l’embarras du choix.
Un roi de droit divin…
On aurait juste à s’indigner toute la sainte journée ce que nous savons faire si bien.
Et enfin, peut-être, la connerie serait-elle enfin et lucidement, la chose la mieux partagée en France. Ce qui serait un progrès indéniable, pour une fois.