
Hier je n’ai presque rien dit. J’ai laissé parler ceux qui savent.
Ils savent un tas de choses et sur un tas de sujets, que je ne connais pas.
— Peux-tu me passer le sel ? Peux-tu me passer le poivre ?
— Non merci pas pour moi, ou oui juste un doigt car je conduis j’ai dit. Pas grand-chose de plus.
J’ai beaucoup écouté.
Ces voix qui s’entremêlent, parfois s’entrechoquent, et qui d’à peu près tout
pêle-mêle
se mêlent,
comme sur le mur des cons accroché dans le couloir.
c’est ce qu’a dit ce petit jeune homme extrêmement brillant
mais froid comme un cube, un glaçon
Je n’y ai plus vraiment fait attention.
Après tout c’est une trêve, non ?
la trêve de Noël.
Je me suis laissé glisser à la surface des choses comme on se jette à l’eau.
Le tout autour d’une petite vieille qui ne cessait de dire je vous aime oh oh
comme je vous aime
mes enfants.
L’année dernière encore on pouvait encore échanger des clins d’œil
Elle et moi, mais elle s’est désertée en partie aujourd’hui.
presque tout à fait sauf
— Comme vous me gâtez d’être là reprenez de ce petit vin de Moselle
— Allez-y voici la louche ou la cuillère servez-vous donc du Baeckeofe
— Non pas pour moi, ça va faire trop, comme je vous aime mes enfants
Une petite vieille avec des mots d’amour en bandoulière.
Mais une fois les estomacs remplis,
le Moselle englouti et le baeckeofe aussi
Ceux qui savent se sont souvenus qu’ils savent. Un tas de choses sur tout.
Et ils ont déballé les cadeaux et un tas de choses encore
qu’ils se sont assénées plus ou moins familièrement.
Et je me suis souvenu que je ne savais rien sur rien
que je n’avais droit
par conséquent à rien.
Tout était dans l’ordre absolu des choses
Et en rentrant plus tard le soir j’ai compté mes ecchymoses
Elles étaient moins nombreuses que l’année dernière.
je me demande si ce n’est pas dû à ma troisième dose ?