Au trente-sixième dessous la clarté est mince, on doit souffler dessus comme sur une braise pour l’entretenir. Alors du coup on trouve des trucs, on en invente au besoin. Pour tenir il suffit de prendre le temps par les cornes et de le flanquer au sol dans une lutte amicale. Devenir un matador sans habit de lumière ni d’épée.
Ainsi la survie oblige à la créativité souvent. Tenir à la journée voilà une bonne astuce. Une journée comme une vie pour commencer. C’est fou tout ce que peut contenir une seule journée de vie, vous avez remarqué ? Si on mettait devant nous la masse des pensées qui nous traversent sans relâche, toutes ces peurs et tous les rêves, tous les événements classés par ordre d’importance, l’importance que chacun de nous accorde à chaque événement, il n’y aurait pas de contenant suffisamment grand pour tout contenir.
Et tout ça dans une seule cervelle …. dans un seul cœur ? mais n’est-ce pas là un miracle ou une monstruosité sur lesquels on ne s’arrête jamais ? Que l’on ignore à raison. Car si on y faisait attention certainement que nous deviendrions totalement cinglés.
Pour vivre la surdité et l’aveuglement sont obligatoires.
Pas pour la survie étrangement. Car le manque, l’absence aiguisent tous les sens, et souvent le discernement.
Une fois que l’on s’habitue à voir les choses ainsi, au jour le jour, on peut encore s’améliorer. Se réfugier tout entier dans l’heure et une fois ce pallier franchi nul doute qu’il ne nous suffira plus que d’une minute, peut-être même une seconde et encore moins pour créer des mondes, des univers, une sorte de big bang fabuleux et perpétuel.
Et tout ça dans une seule tête , dans un seul cœur répété huit milliards de fois à chaque nano seconde
c’est fou non ?