
— Je suis perdu, je ne sais pas où je vais, je ne sais plus ce qu’il faut faire, de quoi s’agit-il vraiment ?
La litanie, toujours la même. Enervante à souhait au petit matin lorsque l’atelier est glacé. L’un de mes chauffages m’a lâché et je ne sais pas quand je vais pouvoir le remplacer. Moi aussi je pourrais participer au concert. Quand donc tout ça va t’il s’améliorer ? A la Beckett, quand donc est-ce qu’on va naitre enfin bordel ?
Mais je ne dis rien. Ce coup là je n’ai pas envie. Je me tais.
On me le reproche du regard. Avant c’était mieux, tu nous parlais de philosophie, on avait la sensation d’avoir un double cours. On en avait plus pour notre argent. On était heureux. Et maintenant, tu sembles absent. On t’a perdu.
Mon épouse en profite pour rebondir.
— ah tu vois je ne suis pas la seule à le dire.
Je ne sais pas quoi dire, en ai-je vraiment envie ? Ai-je envie de m’excuser, de me justifier de quoique ce soit ?
Je pourrais par exemple dire : trop de blabla, trop de magie tue la peinture. Mais je ne le dis pas.
J’allume une cigarette, je m’habitue au froid. Je pense à tous ces poèmes qui me réchauffent le matin, ils me glacent mais ils me réchauffent. Le feu et la glace. Je mesure mon insignifiance à l’aune de la poésie, à sa justesse, celle impossible à exprimer justement.
De quoi s’agit-il donc ? De quoi ça parle ? Justement ça parle d’un certain silence que l’on recouvre de mots. Comment dire ça, comment faire comprendre que la peinture c’est la même chose désormais que j’ai tant déployé d’artifices, pour justement entrainer tout ce petit monde vers le bon sens.
C’est comme l’amour, on s’en fait des idées mais ces idées ne servent à rien dans la réalité.
Il faut peindre comme il faut aimer dans une austérité dépourvue de pétards et de cotillons, il faut bannir l’atrocité des fêtes. Voilà de quoi il s’agit mais comment le dire sans provoquer de nouvelles agitations, je ne le sais pas.
Je fais silence.
Un peu plus tard je découvre les peintures de Jean Désiré Bacoulès au hasard de la navigation. Cette femme assise notamment. De quoi s’agit-il ? J’y trouve ma lassitude probablement.
Il faut peindre comme il faut aimer dans une austérité dépourvue de pétards et de cotillons, il faut bannir l’atrocité des fêtes.
eh bien oui, c’est ça justement…
Belle journée Patrick
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Merci Barbara, bon dimanche
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« Il faut peindre comme il faut aimer dans une austérité dépourvue de pétards et de cotillons, il faut bannir l’atrocité des fêtes. Voilà de quoi il s’agit mais comment le dire sans provoquer de nouvelles agitations, je ne le sais pas. »
Eh bien, c’est très juste et très bien dit, justement. pas la peine de chercher plus compliqué.
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