Revenir à l’intention en peinture.

Revenir à l’intention en peinture c’est une métaphore bien sur. Car ce qui est véritable en jeu c’est bien la notion d’intention. Qu’est ce qu’une intention, à quoi ça sert vraiment ? Peut-on se tromper d’intention ? Comment reconnaitre une intention véritable ? Autant de questions qui sans relâche m’accompagnent dans ce que je suis bien obligé désormais de nommer une démarche artistique, mais qui elle aussi est une métaphore de ce que je pourrais nommer une démarche du vivant.

Ce qui parait nous différencier de l’animal est le doute. Lorsque nous avons une intuition nous la passons au crible de nos pensées, nous pesons le pour et le contre et nous n’avons guère de critère « authentique » si je puis dire, c’est à dire un critère ou deux véritablement « palpable » qui feraient référence à une réalité intrinsèque, indiscutable.

L’animal semble fonctionner totalement en accord avec son instinct, il suit son programme sans avoir la possibilité de le remettre en question et donc d’en douter. Ce qui l’oblige d’après les quelques observations que j’ai pu effectuer d’être quasiment toujours en alerte quant à son environnement. Tout ce qui advient dans sa périphérie, tout surgissement d’information cause sur l’animal une réaction immédiate elle aussi. Que ce soit la fuite ou l’attaque, ou encore le ronronnement pour un chat par exemple lorsqu’une main amicale le caresse. L’animal n’a pas le choix au contraire de l’humain d’analyser une situation.

Encore que désormais ce que je dis est probablement faux en grande partie puisque désormais 99% des être humains réagissent comme des animaux tant on les aura conditionné à réagir à tel ou tel stimuli.

Ce qui nous entraine, l’humanité entière, vers un avenir assez catastrophique.

La notion d’action- réaction que l’on nous a mise dans la tête pour obtenir quoique ce soit créer des programmes semblables à ceux des machines informatiques que nous utilisons.

Nous pensons que nous désirons quelque chose et nous mettons en œuvre des processus, des plans détaillés, sans tenir vraiment compte des risques liés aux incidents, aux accidents, à des critères que nous n’avons pas été capables, les ignorant en général, et qui viennent s’insinuer dans les rouages de nos soi disant impeccables machineries.

Je crois que c’est parce que nous confondons souvent l’intention véritable et le désir égoïste, l’intérêt général et le personnel. Et bien sur je n’ai pas la prétention d’être différent de la plupart d’entre nous.

Je m’interroge cependant sur cette notion d’intention et j’utilise le champs de l’art, de la peinture pour tenter de trouver des questions pertinentes à ce propos plus que de simples réponses à l’emporte pièce.

Admettons que le miracle ne soit pas un vain mot. Admettons qu’enfin l’œil s’ouvre et en s’ouvrant parvienne à s’extirper de l’habitude, de ce voile, de cet aveuglement que représente l’habitude, c’est ce que j’appelle le vrai miracle en tant que peintre.

Voir soudain quelque chose de différent à partir de ce qu’un instant auparavant on la considérait comme banale. Et en éprouver soudain une « co-naissance » par l’entremise de l’émotion. Cette co-naissance est une collaboration évidente avec quelque chose qui en général me dépasse. Je veux dire que la connaissance ne peut surgir que de ma cervelle, elle vient de bien plus loin, d’un environnement, d’un temps plus vaste.

Eprouver cela devrait nous mettre sur une piste. Eprouver cela rase tout sentiment de solitude. Et pourtant en ce qui me concerne je persiste à ne pas vouloir l’accepter pleinement. Je continue à douter car j’ai tout bonnement peur qu’il ne s’agisse que d’un fantasme, une sublimation, une illusion de plus.

Derrière ce mécanisme je me rends compte que je suis en train de parler de la foi et du doute.

ce ne sont pas deux pôles si opposés que je pouvais encore le penser il y a peu.

Le doute sert à affirmer la foi très certainement. Je veux dire plutôt que d’ouvrir en grand le bec et d’avaler toutes les couleuvres que l’on nous présente, posséder ce reflexe humain de douter est salvateur.

Sauf que la seule chose dont il ne faudrait pas douter est que les miracles sont toujours là. Que l’on peut toujours voir surgir un miracle de la pire des banalités. De notre ignorance finalement.

Admettre et accepter pleinement cela est certainement un pas qui peut en entrainer mille autres sur ce chemin. Et encore une fois à quoi cela servirait t’il de faire mille pas sans savoir où l’on va ? Quelle est l’intention qui au début déclenche cette action, créer le miracle, et dessine le chemin sous nos pieds ?

Et bien je crois qu’il faille faire n’importe quoi pour le savoir vraiment. C’est en tous les cas comme ça que j’ai abordé la peinture à partir d’un certain moment de fatigue, quand je me suis aperçu que de nombreux buts que je m’étais donnés quant à l’art étaient sans intérêt, égoïstes, et donc illusoires.

C’est en faisant n’importe quoi que j’ai quitté l’autoroute des habitudes et du processus d’action-réaction dans lequel je croyais dur comme fer comme tout le monde.

C’est en faisant n’importe quoi en peinture que je suis remonté comme un saumon depuis le salé vers le doux pour pondre quelque chose qui rendrait à nouveau l’eau poissonneuse, peuplée. Une potentialité qui m’aura été donnée par instinct, comme un animal exactement au tout début.

Je n’ai jamais renié cette part animale comme je n’ai jamais renié le doute propre à mon humanité. Je crois que l’intention qui se dissimule de tous temps dans cette position que je tiens est de faire communiquer les deux ensembles en cherchant une harmonie.

L’intention est directement reliée à cette idée d’harmonie qui m’a toujours obsédé et dont j’aurais été entrainé par l’utilisation du fameux « n’importe quoi » d’explorer le disharmonieux dans de nombreux recoins.

Ce lien étroit que j’ai crée avec ma chatte désormais disparue cette douleur éprouvée d’une perte inconsolable m’aura mis la puce à l’oreille je crois. Tout ce que jusque là j’avais appris du détachement m’est revenu comme une lettre mal adressée.

Parce que le détachement ne peut s’effectuer avec une intention erronée lui aussi.

C’est la joie et l’amour qui peut mener à un détachement digne de ce nom.

Vous n’allez pas me croire mais au moment où j’écris ces lignes mon épouse m’appelle, elle entend miauler la chatte derrière le mur voisin. Je vais sonner à la maison d’à coté, personne.

Je reprends mon échelle de bois et vais voir, elle est là, Lola est là, je fais passer l’échelle par dessus le mur et je vois sa petite tête s’amener, je la prends dans les bras et la ramène à la maison, elle me lèche le nez et ronronne.

Si ce n’est pas quelque chose en lien avec l’intention ça, je ne sais pas ce que c’est… je vais pouvoir peindre le cœur plus serein aujourd’hui en tous les cas.

6 réflexions sur “Revenir à l’intention en peinture.

  1. [ L’animal semble fonctionner totalement en accord avec son instinct, il suit son programme sans avoir la possibilité de le remettre en question et donc d’en douter.]

    Tiens, tiens, nous sommes en pleine actualité… bien que ça ne soit pas le sujet ! 😉

    Aimé par 1 personne

  2. Lola est revenue ? Lola est revenue ! On a du mal à y croire 🙂 En bonne santé ?
    J’avais ressenti ces liens avec mon chat qui avait disparu quelques heures lorsqu’il était tout petit. Comme si ces liens étaient là depuis toujours… indéfectibles, même si ce chaton était arrivé dans le jardin à peine quelques jours plus tôt.. Ressentir l’invisible…
    Bref, le retour de Lola est la meilleure nouvelle de l’année ! 🙂

    Aimé par 1 personne

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