37. Séparations et retrouvailles

Le semeur au soleil couchant Vincent Van Gogh détail

Durant toute ma vie je n’ai pas cessé de passer de cercle d’amis en cercle d’amis ce qui je crois a eu pour conséquence de me modifier en profondeur à chaque fois. Car nous ne sommes souvent que la résultante des interactions avec les autres. Et en même temps, si je peux dire il faut bien qu’il y ait un axe, un point fixe véritable pour que j’ai pu subir autant de changements sans devenir complètement fou.

Cet axe, ce point fixe je ne peux dire avec des mots ce qu’il est vraiment, mais j’ai toujours eu foi en son existence. Lorsque j’étais plus jeune il me rendait quasiment invulnérable.

C’est à dire que quelque soit la douleur causée par la séparation, par le changement, par la rupture avec un certain nombre d’habitudes, avec une familiarité rassurante crée par le groupe, la famille, au fond de moi il y a toujours cet espace de calme, ce refuge qui me laisse penser que tout ce que je traverse n’est rien d’autre finalement qu’un enseignement, un flux d’informations et que je ne dois pas m’inquiéter outre mesure.

Malgré tout je ne traverse pas ces événements sans douleur. Je les vis si je peux dire sur ce plan comme tout à chacun. J’ai connu la solitude, le désespoir, la colère, l’injustice.

La plupart du temps ces émotions négatives s’élevant en moi lorsque je comprends à quel point une forme d’ignorance, qu’elle provienne des autres ou de moi-même, peu importe, se dresse entre nous comme un mur.

Et bien sur j’ai aussi exploré le sentiment d’être une victime, mais ce n’était pas vraiment satisfaisant. Je veux dire que c’est une facilité, une banalité véritable de considérer être une victime puisqu’après tout j’ai toujours en parallèle la sensation d’avoir la main sur tous mes choix.

Enfin ce n’est pas tout à fait comme ça que je dois l’exprimer. Je dois plutôt dire que cette part de moi-même que je nomme mon axe a toujours choisi bien mieux que ma cervelle, la pensée le raisonnement , le calcul ou l’intérêt peuvent aider le faire.

Je pourrais dire que cet axe c’est mon cœur ou mon âme c’est certainement la même chose mais ce ne sont là encore que des mots. Une fréquence, une vibration particulière qui me conduit depuis toujours à effectuer des choix même si souvent ceux-ci ont l’air d’être ce qu’on appelle des coups de tête, des gestes des actes sans queue ni tête.

Mais cette appellation vient des autres et du fait qu’ils s’accrochent toujours à une idée de normalité, ou de logique.

J’ai toujours été illogique et ce n’est pas parce que la logique me manque, tout au contraire, je sais parfaitement comment celle-ci fonctionne.

L’expression « c’est plus fort que moi » correspond tout à fait à ce qui se produit lorsque je me trouve confronté à une injustice quelle qu’elle soit. Autrefois c’était assez terrifiant car je pouvais me voir fonctionner, agir, comme si j’avais la possibilité de faire un pas de coté et sortir de mon corps.

Je pouvais entrer dans d’effroyables colères, pénétrer dans la mauvaise foi la plus flagrante, partir en claquant des portes non sans au préalable avoir balancé mon poing ou mon crâne contre les murs. Dans le fond cette partie humaine n »est ni meilleure ni pire que celle de bien des autres que j’ai eu à côtoyer. A commencer par mon père qui m’avait en quelque sorte montré l’exemple. Ce dont je n’étais pas conscient évidemment.

Mais malgré toutes ces colères, ces peurs que je n’ai jamais empêchées vraiment de m’envahir, il y avait toujours cette part de moi qui observait calmement tout ça. Comme une sorte de dissociation. Je pouvais même à certain moment trouver le spectacle burlesque comme si je me trouvais assis sur les gradins d’un cirque.

Quand aux différents partenaires qui se trouvaient pris dans la tourmente je ne sais ce qu’ils ressentaient. La plupart du temps il devaient me voir comme un pauvre type, un salaud, ou un monstre. Ils ne semblaient pas posséder cette part en eux qui leur eut permis de prendre de la distance et de s’amuser du spectacle ridicule que j’offrais.

Une fois que j’avais joué mon rôle je partais et souvent je ne revenais plus. Durant quelques temps les choses allaient ainsi de séparations en retrouvailles, puis l’impression de déjà vu m’indiquait que j’avais atteint une sorte d’objectif. On pourrait appeler ça l’ennui. Et alors je disparaissais pour de bon et on ne me revoyait plus.

Je n’avais pas de rancune, pas de remords, pas de regret. C’était comme une mort à chaque fois et j’acceptais cette mort comme un passage obligé pour grandir si l’on veut. Evidemment je parle pas là d’un enfant qui cherche à devenir adulte, bien que souvent moi-même j’ai confondu cette notion d’évolution car je ne pouvais pas imaginer autre chose.

En fait c’est l’âme, le cœur, la conscience qui ne cesse de vouloir grandir ou évoluer. Je ne sais pas pourquoi elle a prit cette forme, celle d’avoir toujours cette obligation de me séparer des autres et de mourir à ce que je pense être. Et cela s’est produit tant de fois que je ne peux les compter en seulement cette existence mais certainement aussi au travers bien des existences ici sur Terre et sur d’autres planètes, d’autres mondes, d’autres dimensions. J’en suis aujourd’hui enfin persuadé.

Ce qui entraine évidemment une autre forme de séparation. C’est à dire avec les proches que je connais actuellement, et qui se demandent si je plaisante, si je suis à nouveau en train d’inventer de nouvelles facéties auxquelles d’ailleurs je les ai habitués comme pour les préparer au grand final.

En espérant que leur désarroi ne soit pas trop violent ni douloureux.

Quelque chose nous traverse et s’instruit ainsi depuis la nuit des temps. Cette chose, l’Esprit, la conscience semble avoir besoin de nous, de chacun de nous, du plus grand ou plus humble pour exister et évoluer.

S’il en manque un seul tout s’écroule.

J’ai foi dans cette idée que rien ne peut manquer. Que tout est important. C’est l’enseignement que j’ai reçu de la vie, de mes nombreuses séparations, car je sais que les retrouvailles aussi sont inéluctables.

Cette nécessité des retrouvailles est semblable à la nécessité du but.

Pour l’unité.

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