
S’il était simple d’aimer, le monde serait sans doute très différent. Encore que ce ne soit pas simple de croire en l’amour désormais que tout est devenu si binaire.
Du genre :
— tu m’aimes oui ou merde ?
Même si ce n’est pas dit comme ça exactement, ça y ressemble souvent.
Comme si tout l’espace se tenait désormais entre 0 et 1 annulant la suite innombrable des autres chiffres et nombres, annulant ainsi une notion précieuse de l’infini.
Cet amour là, distillé par les médias de tous bords, qu’on le veuille ou non nous empoisonne la vie.
C’est une lutte de chaque instant pour ne pas succomber à une telle facilité.
Cela exige beaucoup de patience, de tolérance, de paix intérieure, une distance à acquérir dans le présent étrangement sitôt que l’agacement, l’énervement, la colère même surgissent. C’est loin d’être facile.
Aimer au quotidien c’est de plus en plus se transformer en médecin au chevet d’un malade.
Il faudrait rassurer continuellement, faire l’emplette de fruits et de fleurs fraiches à déposer sur un chevet, égayer comme on peut la pièce.
Une abnégation aussi dont l’injustice emmène parfois l’élan d’aimer aux limites de la révolte.
Cependant tout prend un sens lorsque, par hasard, ce fameux hasard qui n’existe pas, on s’aperçoit que nous ne sommes que des outils manipulés par un maître ouvrier.
Que tous ces espoirs, ces déceptions, ces rapprochements, ces éloignements ne sont rien d’autre qu’une matière, tout comme nous précieuse et sans laquelle rien ne peut se faire.
Evidemment on n’y pense pas dans le moment. On subit ou on esquive.
Mais il suffit souvent de se rendre compte de l’absence pour que tout alors se mette en forme.
Et là encore nous avons le choix d’en être triste ou joyeux.