
Que viennent chercher les gens dans un cours de peinture ? Le savent-ils vraiment ? Et de plus cela a t’il une importance ? Souvent ils commencent avec une idée plus ou moins précise de ce qu’ils veulent puis ils se heurtent à différents obstacles assez rapidement.
Est-ce que savoir ce que l’on veut est un moteur véritable dans ce domaine comme dans tous les autres ? Souvent on ne voit que l’arbre qui cache la forêt.
Tentons de lister ces arbres sur lesquels le regard s’aveugle.
La recherche de preuve
Vouloir se prouver quelque chose à soi-même. Je vais peindre des tableaux parce que ça fait un moment que ça me titille mais jusque là j’hésitais, je ne parvenais pas à passer à l’acte. Je ne suis pas plus bête qu’un autre et peut-être même ai je du talent qui sait ?
Donc la question serait pourquoi vouloir se prouver quelque chose ? Et cette question en soulèverait encore plusieurs probablement. On pourrait alors découvrir qu’il s’agit de trouver une sorte de remède, de solution à différents maux qui remontent souvent à l’enfance comme par exemple
- Un sentiment d’infériorité
- Un manque de confiance en soi
- Une envie de s’exprimer qui a été contrariée
- Le sentiment qu’il en faut toujours plus pour être accepté ou aimé
Faire de jolis tableaux
Vouloir faire du beau en peinture ce serait en premier lieu vouloir l’être soi-même et montrer ensuite cette beauté au monde. Problème, la beauté ne se mange pas en salade. Interrogez 1000 personnes chacune vous donneront une définition plus ou moins convenue de ce qu’est la beauté. Convenue car elles iront chercher dans un fond de phrases toutes faites pour s’exprimer à ce sujet.
Réfléchir à une définition personnelle de la beauté n’est pas une chose simple. Souvent d’ailleurs c’est tellement difficile de poser des mots sur celle-ci qu’on n’en parle pas. Notre relation véritable à la beauté est une sensation, une émotion personnelle que nous définissons quand nous le sommes obligés par des clichés.
De plus cette sensation, cette émotion peut très bien se transformer le long de notre ligne de temps. Ce que nous trouvions beau à 7 ans n’est sans doute plus la même chose tout à fait à 20, 40, 60 ans et plus.
Ce qui pourrait nous mettre la puce à l’oreille sur l’éternelle modernité de ce que nous nommons la beauté.
Accepter alors de ne pas avoir d’idée arrêtée sur ce qu’est le beau et le laid lorsqu’on pénètre dans un cours de peinture serait une sorte de préliminaire correct. Il faudrait trouver une formule et l’inscrire au-dessus de la porte comme un avertissement.
Tout ce que tu crois savoir sur le beau et le laid, oublie le.
Devenir artiste
La plupart des gens pensent qu’on devient artiste alors que c’est faux. Nous le sommes tous dès le début, et puis nous l’oublions selon les priorités que nous choisissons parfois contraints et forcés pour construire notre vie.
À cet oubli s’ajoute un paquet de mensonges plus ou moins conscients qui nous renforcera dans l’opinion de ne pas avoir de talent et donc d’en acquérir à l’extérieur. C’est comme cela que l’on mûrit le projet de devenir artiste, et que par ce postulat même ce projet ne tient pas. On ne peut pas être autre chose que ce que l’on est. S’en suit souvent de la tristesse, de la colère, de l’amertume et puis le temps si on n’y prend pas garde nous amène au deuil. Ce qui n’est pas une mauvaise chose. Encore faut-il comprendre que ça ne remet pas en cause que nous sommes des artistes ou pas. Cela permet simplement modestement surtout de changer de point de vue sur ce que l’on place derrière le terme d’artiste. Et surtout tout ce que l’art comme la plus belle fille du monde ne peut donner.
Bien des gens ont encore une vision poétique, archaïque , romantique du statut d’artiste. La médiatisation de ce statut n’arrange rien à l’affaire car nous sommes bombardés continuellement d’images flamboyantes de personnages souvent totalement imaginaires. C’est à dire utilisés à dessein par une élite intellectuelle et financière pour perpétrer ses valeurs.
Pour cette élite, pas de demie mesure, un artiste est célèbre et ses œuvres se vendent à prix d’or. Tous les autres ne sont que des amateurs ou des artistes ratés. Je force le trait mais si on réfléchit au principe même du marché de l’art c’est un peu ça tout de même.
Le statut fiscal n’arrange pas la situation. Il faut se déclarer à l’URSSAF du Limousin en tant qu’artiste pour obtenir un numéro de siret. N’importe qui peut effectuer la démarche et éprouver la confusion entre le statut obtenu et les privilèges souhaités.
Se détendre et participer à une activité avec d’autres
Dans ce monde où le virtuel prend tellement de place, décider de prendre des cours de peinture est une manière de retrouver un peu de réalité, un peu de chaleur humaine, de se confronter aux autres ou bien relativiser qui l’on est.
Encore une fois tout dépend des intentions véritables qui se dissimulent derrière les prétextes que l’on se donne. L’art a souvent bon dos pour tenter de régler des carences de toutes sortes, affectives, sexuelles, puisqu’il faut dire les choses. J’ai même de bons amis freudiens qui me reprendraient s’ils me lisaient en déclarant : surtout sexuelles les carences.
Évidemment il ne s’agit pas du premier degrés. Je n’ai encore jamais participé ni même assisté à une partouze générale durant les cours que je dispense. Je me demande parfois si ça ne décoincerait pas certaines personnes. Mais je ne le dis pas évidemment.
La peinture est proche à mon avis du tantrisme. Cette énergie qui prend naissance au niveau du trou du cul et ne cherche qu’à rejoindre l’ouverture au sommet du crâne, est souvent gaspillée en vain. Mais on peut tout à fait suivre son parcours en notant les méandres du pinceau au fur et à mesure des jours, des semaines, des années de pratique assidue. Quand la justesse du tableau surgit c’est grosse modo aussi jouissif qu’un orgasme. Et en tant que vieux peintre j’ai aujourd’hui tendance à dire que c’est mille fois plus. Mais vous n’êtes pas obligés d’y croire ou de l’espérer.
De tous les prétextes que l’on peut se donner pour rejoindre un cours de peinture prendre du plaisir, se détendre, partager avec les autres sans y accorder une gravité excessive est sans doute le meilleurs de tous. Le plus honnête.
Car souvent en suivant cet emboîtement de questions susceptibles de mieux cerner les tenants et aboutissants d’un acte il n’y en a qu’un qui soit à la fois juste comme utile à tous comme à soi même.
Élargir sa conscience du monde, améliorer la vision de ce qui nous entoure est l’acte créatif par excellence. J’ai beau chercher depuis des années je n’en vois aucun autre qui ne soit qu’illusion et vanité.
Oui, élargir sa conscience en même temps que son humilité…
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L’un ne va pas sans l’autre, c’est un package ! Merci de le préciser Barbara, je t’embrasse !
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