
Qu’est-ce qui nous donne l’impression d’être qui nous sommes ? Qu’est ce qui nous maintient dans une configuration particulière de cet état que nous nommons « moi », de façon plus ou moins stable ?
Et qui ou quoi nous oblige à avoir une opinion, une attirance pour ceci ou cela, et de la répulsion , de l’indifférence pour le reste ?
L’attention n’est t’elle pas le chef de file de ce processus.
Maintenant, cette attention nous est t’elle personnelle vraiment ou bien n’est t’elle pas un programme ?
Depuis l’enfance on ne cesse de me dire de faire attention à ceci plutôt qu’à cela. Et bien entendu j’ai toujours trouvé révoltante cette séparation que l’on m’obligerait à pratiquer.
Sans doute est-ce la raison pour laquelle j’ai passé une grande partie de ma vie à faire attention à tout et une autre à rien. Toujours selon ma perception personnelle des lois de l’équilibre et l’étude des vases communicants.
J’en ai tiré des conclusions souvent étonnantes et qui, peu à peu, sans que ce ne soit à priori mon but premier, m’ont écartées du groupe.
Il eut été compliqué et vain d’expliquer à chaque fois les raisons qui me poussent à ne pas placer l’attention au même niveau que la plupart de mes proches, des différents groupes amicaux, professionnels que j’ai eu à fréquenter.
Le terme d’hypnose me semble assez bien approprié concernant l’usage de l’attention lorsqu’il s’agit d’utiliser celle-ci pour atteindre à un but. Hypnose voire transe.
Pour résoudre une équation mathématique on doit se concentrer sur le monde des chiffres et ne plus rien percevoir d’autre que des chiffres. Ce qui me sera impossible tout au long de mon existence. C’est cloisonner le monde d’une manière douloureuse pour moi. J’ai expérimenté cette souffrance, cette douleur là et je ne l’ai pas trouvée utile.
Je pense être d’une race primitive et instinctive avant toute chose. Mon esprit fonctionne par analogie la plupart du temps. Cela me permet d’établir des liens qui paraissent totalement saugrenus pour mes contemporains modernes, en établissant des relations entre des choses qui apparemment ne devraient pas en avoir.
C’est comme si depuis toujours je m’appuyais sur la théorie des fractales qui veut que l’on puisse examiner la réalité comme une mise en abîme continue, toujours présente à chaque instant et lieu où se porte le regard, la pensée et la rêverie.
Je peux aussi bien trouver des relations entre la plomberie et la philosophie, la menuiserie et la spiritualité, la peinture et les arts martiaux. C’est à dire que pour moi les cloisons qui séparent apparemment chaque discipline et dont on ne cesse de me parler ne sont qu’artificielles.
Peut-être est-ce une affaire de disponibilité. Peut-être que le seul luxe que je me soies jamais offert n’a été que de prendre mon temps afin de me rendre disponible.
Il existe probablement un art de se rendre disponible au monde et de ne pas focaliser son attention sur un objet unique, mais au contraire cet art là permettrait d’ouvrir celle-ci à un périmètre bien plus vaste.
J’ai déjà évoqué dans un texte * l’art de marcher en forêt que pratiquent les indiens d’Amazonie. Ils ont bien compris que leur survie était liée au fait ne pas focaliser leur attention sur un détail mais de voir leur environnement dans son ensemble. Pour eux le danger vient du détail car il capture l’attention et rend extrêmement vulnérable le marcheur à tous les prédateurs qui le guettent.
Il y a peu j’évoquais aussi une manière de résister sans résister qui participe de la même philosophie.
Dans les cours de peinture que je dispense j’utilise beaucoup l’art de détourner l’attention de mes élèves de leurs travaux.
Je parle beaucoup, de tout et rien, je fais des blagues, ou alors, tout soudain, je parle de choses saugrenues pendant qu’ils dessinent ou peignent afin justement qu’ils ne soient pas totalement hypnotisés par ce qu’ils sont en train de faire et surtout parce qu’ils sont en train de penser de ce qu’ils font.
L’art de détourner l’attention, peut avoir un aspect bénéfique. Encore une fois c’est une affaire d’intention.
Il peut aussi être utilisé à très mauvais escient par des gens peu scrupuleux et aux intentions peu louables.
Les « merdias », qui sont les laquais du pouvoir connaissent cet art sur le bout des doigts. D’ailleurs je crois qu’ils n’ont été crées qu’à cette seule fin.
Gouverner en détournant l’attention des citoyens de l’essentiel a toujours été le propre de tout gouvernement depuis la nuit des temps. Et la raison vient de chacun de nous, de cette croyance surtout que nous pensons être ce que nous sommes à cause de l’attention que nous portons à certaines choses plutôt qu’à d’autres. Rester dans l’inattention demande un courage exceptionnel auquel nombre de nous renoncent. Et en y renonçant ils se vouent à devenir les esclaves d’attentions qui ne leur appartiennent pas.
Nous pensons aussi que nous sommes libres à partir de l’attention de choisir qui nous voulons être. Mais ce que nous pensons dans ce domaine est souvent du déjà-vu, nous nous contentons de vouloir ressembler à quelqu’un, d’être inspiré par une telle ou un telle et de devenir une sorte de clone par imitation de processus observés plus ou moins attentivement.
Si nous faisions tout le contraire, si nous allions seulement chercher en nous-mêmes ce que nous sommes , si nous détendions ce muscle de l’attention au point de nous offrir un champs plus vaste d’investigations, nous serions à la fois effrayés dans un premier temps de tout ce que pouvons découvrir ainsi, puis libres dans un second temps et surtout joyeux d’être qui nous sommes.
Beaucoup de personnes veulent être heureuses, joyeuses mais elles oublient souvent que pour parvenir à cet état, le passage par la souffrance, la douleur est souvent nécessaires, voire obligatoire.
La raison de la confusion provient d’un détournement de l’attention encore une fois de plus concernant les mots et ce qu’ils recouvrent. On confond trop plaisir, consommation, et joie car notre attention est focalisée sur le mot obtenir, confondu lui-même avec acheter.
Bon sang, je viens d’être trop attentif à ce que tu écris !🤗
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ah ah ah ! mais moi je ne gouverne que moi-même ne t’inquiète donc pas 😉
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Je crois qu’on nous maintient volontairement dans le binaire
êtes-vous thé ou café ?
Rouge ou bleu?
c’est pratique le binaire parce que ça rend à la fois con et sûr de soi…
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Oui Barbara je suis bien d’accord, mais comme je le dis souvent il faut être deux pour danser le tango… j’ai l’impression que nous sommes de plus en plus nombreux à refuser le binaire désormais, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. D’ailleurs le fait que les pataques deviennent de plus en plus grotesques est juste un signe que ceux qui nous gouvernent sont au bout du rouleau, et qu’ils bégaient. Belle journée à toi je t’embrasse
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Primitive et instinctive, j’en suis, 👍😄, merci pour cet article (et les autres, je l’ai déjà dit mais je le répète, pas grave), et très drôle le dessin, très bonne journée à vous, 😎☀️🦋☮️🌼
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Merci Louise si j’étais pas si sauvage je caresserais bien l’idée de fonder une amicale des primitifs, mais comme à plus de 4 les choses se compliquent, préfère renoncer au projet 🙂
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Oui restons tranquillement primitifs 🙂 😉
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Alors peut-être songer à créer une association d’associés indépendants? 😁
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