Difficulté logique insoluble
Support : House of Leaves, le roman culte de Mark Z. Danielewski paru en 2000, débute par les confessions de Johnny Truant, un antihéros à la vie dissolue que le hasard fait entrer en possession du manuscrit d’un vieil original nommé Zampano. Ce dernier a remisé dans une malle l’intégralité de son œuvre : un interminable essai, prodigalement annoté, portant sur un film qui n’existe pas : Le Navidson Record. Ce document inclassable raconte l’emménagement du photoreporter Will Navidson et de sa famille dans une maison qui s’avère posséder des dimensions intérieures supérieures à ses dimensions extérieures, et qui laisse apparaître de mystérieux couloirs où les protagonistes tenteront diverses explorations. Extrait d’un excellent article ici
Remplacement : la maison comme figure du chaos devient l’atelier, le blog…
Un peu plus loin :
D’après la conception déterministe : « Tout le futur est […] entièrement contenu, déterminé par le présent : connaissant les lois du mouvement et les conditions initiales, nous déterminons avec certitude le mouvement futur pour un avenir aussi lointain que nous le souhaitons.» Cela signifie qu’en ayant une parfaite connaissance de tous les éléments constitutifs, de toutes les relations existantes dans un système, il serait possible de prévoir l’évolution de ce dernier. Seulement la maison reste imprévisible. House of Leaves témoigne de ce bouleversement des sciences en décrivant une maison qui n’obéit à aucune loi physique. Danielewski lui-même emploie le mot chaos pour qualifier l’incongruité physique de la maison : Karen, lors de l’emménagement à Ash Tee Lane, décide d’installer des étagères dans le salon et constate qu’il est pratique qu’elles se trouvent entre deux murs afin d’empêcher les livres de tomber. Zampano se lance alors dans une étude psychologique du désir de Karen que tout soit en ordre : « Maturity, one discovers, has everything to do with the acceptance of “not knowing”. Of course not knowing hardly prevents the approaching chaos7. » Ici le chaos désigne l’impossibilité physique de l’existence d’une telle maison. Mais quelques pages plus loin l’impensable se produit
Comment rendre compte par l’écriture d’un lieu qui se modifie sans cesse dont les métamorphoses sont imprévisibles
il y a là un paradoxe, d’où le terme aporie.
Au delà de tout cela de quoi parle t’on vraiment ?
Du réel, toujours lui évidemment.
Et soudain une bribe de phrase entendue hier me revient soudain
Quand deux russes se rencontrent de quoi discutent ils ?
Presque immédiatement du réel, ils se souviennent des questions essentielles se les remémorent sans relâche à chaque discussion.
Ce qui est absolument intolérable pour un français qui la plupart du temps s’en fout ou bien pense avoir réglé toutes ces questions une bonne fois pour toutes,
Ce qui produit d’ailleurs sur les conversation en français une sensation d’indigence extrême, ai-je remarqué assez souvent. Tout du moins à la première écoute.
A moins qu’il faille encore aller creuser dans les méandres de la langue revenir au sens propre et figuré des mots employés surtout par habitude… inconsciemment si on veut…
on finit par comprendre que les français aussi parlent toujours de ces mêmes choses sans trop se l’avouer, toujours si difficile d’être en même temps français et ridicule…encore une aporie probablement…