Il y a un film dans ma tête mais je ne me souviens ni du titre ni de l’auteur, il est en noir et blanc, avec Jean Pierre Léaud peut-être… ce serait donc à priori un film de Lelouche. Ce film parle de la première fois, je ne me souviens plus s’il ne parle que de ça, peut être parle t’il d’autre chose qui a moins retenu mon attention.
Je me souviens cependant de ce morceau d’éveil fatalement fugace que l’expression avait soudain déclenché. La première fois que l’on se trouve confronté à quelque chose, au monde, par lequel on se trouve soudain comme en accord ou en désaccord authentique indéniable avec celui-ci. La première gifle, le premier baiser, mais je vais bien trop vite il faudrait encore remonter plus tôt, le premier pas, la toute première fois qu’on est parvenu à tenir debout tout seul après de nombreuses tentatives qui n’étaient qu’une sorte d’amusement, de jeu, avec tout le sérieux que dissimulent ces termes; ou encore la toute première fois que l’on s’est retrouvé ahuri de pouvoir rouler à vélo sans tomber. Et encore mille et mille premières fois qui s’enfuiront, à chaque fois englouties dans la répétition, pour retrouver une sensation qui toujours s’amenuise et finit pas disparaître sous le rouleau compresseur des occupations, du quotidien.
Alors on ne sent plus le monde comme au premier jour, on le ressent.
Alors on ne donne plus le baiser on le redonne.
Alors on ne se fait plus mal on se refait mal . On est refait comme disent les jeunes.
Alors on ne connaît plus rien on se contente de reconnaître quelque chose de plus ou moins flou, un visage, une rue, un objet, un tableau, un enfant. D’ailleurs ce mot pour l’état civil … reconnaître un enfant.
C’est comme si dans la connaissance première nous sentions une chute qui n’en finit jamais de nous aspirer vers le bas, de nous faire choir à terre. On s’imagine alors que par une simple reconnaissance des choses on remontera vers la lumière.
Régulièrement j’en doute.