Qu’est-ce que la subversion

Notes atelier écriture

Je regarde la vidéo de François Bon sur sa chaîne YouTube pour proposer aux participants de l’atelier d’écriture une nouvelle piste d’investigation. Il faudra la visionner plusieurs fois au cours de la journée, la noter dans l’app Bear, et poser au fur et à mesure des tags sur chaque piste qui surgit comme d’habitude de ce mille-feuilles , de façon à en extraire probablement qu’une infime partie susceptible de me servir pour réaliser cet exercice, mais tout de suite le mot *subversion* me fait stopper ce flux d’information, je mets en pause et j’ouvre mon éditeur WordPress pour tenter d’écrire ce qui surgit dans mon esprit à cet instant précis…

La subversion (latinsubvertere : renverser bouleverser) est un processus d’action sur l’opinion, par lequel les valeurs d’un ordre établi sont contredites ou renversées. C’est une technique d’affaiblissement du pouvoir et de démoralisation des citoyens fondée sur la connaissance des lois et de la psychologie[1] dont l’aboutissement est l’effondrement de l’État sur lui-même. ( définition de Wikipedia arrivant en 3eme position sur la page Google quand j’effectue une requête sur ce mot)

Ce qui fait sauter soudain l’image du mot, l’image habituelle que je m’en fabrique grâce à d’autres images de mots, ce qui fait dérailler ce train d’images mentales qui se met en branle quand je pense à la subversion qu’est-ce que c’est ?

Et bien c’est l’utilisation de la forme tout simplement bien plutôt que tout l’imaginaire du contenu qu’un créateur sur une voie anachronique, décalée par rapport au réel de son époque. C’est à dire qu’on est encore dans une sorte de sommeil de rêve dans bien des domaines artistiques quand on ne comprend pas ou ne s’intéresse pas aux enjeux d’une modernité, ce qui jette une lueur d’autant plus vive et chaleureuse sur la phrase de Rimbaud : il faut être résolument moderne.

Être subversif ce n’est pas dénoncer quelques groupes d’individu voir un état, ce n’est pas s’opposer frontalement en brisant des éléments matériels, fussent ils des codes informatiques pour pénétrer un système afin d’en extraire des données dissimulées, interdites au public. Ce n’est peut-être pas tout à fait cela. On pourrait parler d’une subversion soft si on veut, quelque chose qui agit imperceptiblement sur une forme et qui au bout du compte finit par s’éroder la transformer et à rendre compte du réel, mais un réel en adéquation avec une époque, la notre.

Il y a aussi cette image de l’artiste, individu génial et isolé, romantique dont le fantôme perdure encore dans l’opinion public, peut-être pourrait-on penser qu’elle est entretenue pour des raisons assez faciles à trouver si on veut bien s’en donner la peine. Notamment de faire écran à tout un pan d’une réalité artistique contemporaine qui soit est ignorée soit ridiculisée à cet escient.

Pourtant cette réalité existe, elle continue de se préoccuper de la forme, elle cherche surtout à vider la création artistique moderne d’un archétype archaïque, le génie romantique, qui désormais propulse l’artiste au même niveau que le chercheur dans les sciences dures.

Les questions qui sont soulevées par ces artistes chercheurs correspondent aux problématiques de notre temps. Elles sont subversives non pas pour s’opposer au groupe mais pour proposer de nouveaux cadres de pensées, peut-être sources de réflexion, de nouvelles pistes de recherches et de créations.

Le fait par exemple que nous soyons désormais noyés en tant qu’humains dans un univers de données sans bien en saisir toujours l’impact sur nos existences mais aussi sur notre imaginaire sur la façon dont nous racontons a nous mêmes ou aux autres le monde, le réel.

Comment est-ce que je peux m’expliquer mon propre décalage en tant que peintre du XXI eme siècle à m’obstiner de vouloir peindre comme un artiste des années 50 ? Il y a encore cette vision plus ou moins obsédante une rémanence du dripping de Pollock, une volonté de se rapprocher de façon pulsionnelle, grégaire d’une famille dont il ne reste plus que des squelettes dans des tombes et quelques traces dans les livres les musées…

Je cherche à me procurer un bouquin :

L’essai que Jonathan Lethem a publié en 2007 chez Harper, The Ecstasy of Influence : A Plagiarism, est une défense du plagiat, qui fut lui-même plagié. Une longue défense et histoire de la manière dont, en littéra- ture, les idées ont été partagées, rayées, démolies, réutilisées, recyclées, eacées, volées, citées, arrangées, dupliquées, oertes, réappropriées, mimées et piratées depuis que la littérature existe. En cela il nous rap- pelle comment l’économie du don, les cultures de l’open source et le droit des « communs », est devenue un élément vital pour la création de nouvelles œuvres, où les thèmes des œuvres d’hier forment la base des nouvelles. Ampliant les récriminations d’avocats de la culture libre comme Lawrence Lessig ou Cory Doctorow, il raille avec élo- quence les lois actuelles du droit d’auteur comme menace au sang neuf de la création. Depuis les sermons de Martin Luther King Jr aux blues de Muddy Waters, il met en avant les fruits si riches de la culture par- tagée. Il cite même l’exemple de ce qu’il a assumé comme étant ses propres pensées « originales » pour réaliser plus tard – souvent grâce à Google – en quoi il avait inconsciemment absorbé les idées de bien d’autres tout en les proclamant siennes.

Un grand essai. Presque dommage qu’il ne l’ait pas « écrit ». L’idée force ? Presque chaque mot, chaque idée empruntés ici ou là, Jonathan Lethem se les est appropriées dans leur intégralité, ou bien les a réé- crites. Son essai est un exemple d’écriture de rapiéçage, une façon de tisser ensemble diverses bribes de mots pris aux autres pour en faire un tout cohérent. C’est une combine que les étudiants utilisent en per- manence lorsqu’ils reformulent avec leurs propres mots une entrée Wikipedia. Et s’ils sont repérés c’est l’enfer : académiquement, ce rapiéçage est considéré comme un délit aussi grave que le plagiat. Si Jonathan Lethem avait proposé son essai comme thèse ou habilitation, on lui aurait montré la porte. D’autres rétorqueraient qu’il n’aurait pu construire une œuvre littéraire aussi brillante – tout comme cet essais si remarqué – en se servant uniquement des mots des autres. C’est la manière qu’il a de conceptualiser et de diriger sa machine d’écriture –choisissant chirurgicalement quoi emprunter, et en arrangeant les mots en expert – qui nous subjugue. Son essai est la parfaite démons- tration autoréexive d’un génie non-original.

Kenneth Goldsmith_l’écriture sans l’écriture.

Ainsi donc on pourrait imaginer écrire par concaténation de données de récits d’autres, en copiant volontairement un paragraphe une page entière, en élevant le plagiat à la hauteur d’un véritable geste artistique, subversif mais à double sens, d’une part la loi interdit le plagiat c’est une chose acquise mais plus profondément c’est la notion de propriété qui est soulevée… est-ce que cela a encore un sens de parler de propriété artistique, de droit d’auteurs dans une culture ou l’information est accessible et partagée par tous ? N’y aurait il pas encore des enjeux subtilement subversifs qui permettraient tout en contournant les lois avec sobriété et élégance d’éduquer le public, le peuple pourquoi pas sur une réalité dont ils sont presque toujours inconscients.

Sacré exercice à réaliser aujourd’hui et la question à méditer c’est comment compresser toutes ces données obtenues ce matin en un texte simple, à partir d’une expérience de la vie quotidienne, comme une rencontre par exemple.

Comment toutes ces données comme étant la partie immergée de la réalité peuvent aujourd’hui dans le temps présent impacter cette rencontre…

Quelques instants plus tard un texte court ( je m’entraîne à écrire court )

3 réflexions sur “Qu’est-ce que la subversion

  1.  » – Les écrivains n’ont rien inventé depuis Cervantès. Que dis-je ? Depuis Homère ! Que serait La Fontaine sans Ésope, Pascal sans Montaigne ? Qui parle de plagiat ? Puisque vous vous prétendez romancière, vous êtes une voleuse, vous aussi !
    – Et les lecteurs sont des receleurs, c’est ça ? « 

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