Depuis quelques années je propose un stage dont le thème est l’accumulation. Un stage de peinture. A l’origine je crois que j’avais été intrigué par le travail d’Arman qui est l’un des premiers à avoir non seulement popularisé cette technique mais qui l’a aussi théorisée. Dans son travail l’accumulation consiste à rassembler des objets identiques en très grande quantité en les fondant dans du plexiglas. Cela peut être réalisé de manière organisée ou désorganisée, volontairement ou involontairement.
Arman distinguait plusieurs types d’accumulations.
Les accumulations pures constituées d’objets identiques accumulées, entassés, disposés ensemble.




Les fragmentations constitues de plusieurs éléments identiques mais découpés selon quelques étapes progressives, qui recherchent le fragment et non l’unité de l’oeuvre. Voire l’objet qui se décompose, se fragmente.




Les Coupes fonctionnent comme les fragmentations mais sur un seul et même objet.



Les Poubelles sont des accumulations d’une multiplicité d’objets, mais tous différents, de manière désorganisée, chaotique.



Les Colères approchent l’idée du happening, provoquées, mises en scène et jouées par Arman en personne, dans lesquels il détruisait un objet, comme un piano ou télévision, en gardant l’accumulation des débris ou fragments, les coulant régulièrement dans du plexiglas.



Enfin, les Monuments sont des accumulations d’objets massifs à échelle gigantesque.



Disons donc qu’Arman s’est penché sur un phénomène qui existe depuis toujours et qu’il a tenté de lui redonner une définition appropriée et en accord avec son époque, la consommation de biens et services en masse.
Pour autant l’accumulation existe bien avant Arman. On peut la retrouver ailleurs dans l’histoire de l’art notamment chez Jérôme Bosch



et chez Arcimboldo qui changera notamment la perception habituelle de la nature morte…



Unité interne et unité crée par une entité externe
Entre Arman, Bosch, Arcimboldo l’unité des œuvres s’effectue de façon interne aux différents éléments narratifs utilisés mais il existe aussi la possibilité de confier cette réalisation à un tiers avec tout l’arbitraire que l’irruption d’un tiers peut produire de singularité.
C’est à dire qu’une décision est prise différemment, non par un individu mais plutôt par un sytème. Ce peut être un système mathématique, algorithmique, et qui inclut des objets hétéroclites pour constituer une unité proche de celle qu’on trouve dans les images kaléidoscopiques notamment L’unité provient d’une norme extérieure imposée mathématiquement.
On peut citer le travail du britannique D’Amin Hirst qui aura fait scandale dans les années 90
L’utilisation d’environ 9 000 papillons ayant dû vivre et mourir dans deux pièces fermées dans le cadre de l’exposition In and Out of Love a attiré les critiques de la RSPCA[9]. Additionnellement, d’autres œuvres de Damien Hirst ont attisé les critiques. Son œuvre Mother and Child, Divided de 1993, a remporté le Prix Turner. Cette récompense a été jugée inacceptable par une partie du public dénonçant le caractère cynique de l’œuvre présentant une vache et son veau séparés et coupés en deux, dans leur longueur.
De plus, beaucoup de personnes ont dénoncé le manque d’éthique, l’utilisation et l’abattage « gratuit » d’animaux. Toutes les œuvres réalisées par Hirst mettant en scène des êtres vivants ont été sources de controverses. Cela a été le cas également pour son œuvre A Thousand Years réalisée en 1990 dans laquelle il met en scène deux cubes de Plexiglas reliés. Dans l’un se trouve une tête de vache avec au-dessus d’elle une lampe électrique et dans l’autre un cube blanc, abritant des milliers d’asticots se transformant en mouches, qui se nourrissent de la tête de vache pour ensuite mourir électrocutés par la lampe. Cette œuvre mettant tous les sens du regardeur au défi a été condamnée par une partie de la critique et Damien Hirst lui-même dit qu’après avoir vu la première mouche mourir, il se rendit compte de la machine infernale qu’il avait créée.





Amoncellements, accumulations, médiation
A mon avis rien de vraiment nouveau dans le travail de Tim Noble et Sue Webster lorsqu’ils utilisent un amoncellement d’objets hétéroclites pour utiliser la lumière projetée sur celui-ci afin de créer une image figurative…il s’agit d’une utilisation de la pareidolie ( du grec à côté pour para et eidolon, apparence, forme) sorte d’illusion d’optique qui consiste à associer un stimulus visuel informe et ambigu à un élément clair et identifiable, souvent une forme humaine ou animale.



On a donc déjà pas mal de pistes pour s’interroger sur la notion d’accumulation dans le cadre d’un stage un peu différents de ceux proposés antérieurement et qui ne consistait que dans une suite d’exercices formels dont le but était de créer de l’insolite, du beau selon la théorie du beau d’Aristote…
Dans la Poétique Aristote explique que l’art doit être normé «le beau, que ce soit un être animé ou un fait quelconque, se compose de certains éléments, il faut non seulement que ces éléments soient mis en ordre, mais encore qu’ils ne comportent pas n’importe quelle étendue ; car le beau suppose certaines conditions d’étendue et d’ordonnance»
Le nouveau réalisme
1Àl’évocation des Accumulations et des Poubelles d’Arman et, d’une façon plus générale, du Nouveau Réalisme [1][1]Le Nouveau Réalisme (France, 1960-1963) : le critique Pierre…, il vient à l’esprit de celui qui en a connaissance, la représentation plus ou moins sophistiquée d’un mouvement artistique des années 1960, caractéristique pour son regard critique anticipateur sur la société de consommation de masse naissante et préfigurant l’effervescence de Mai 1968 en France. L’approche compréhensive des représentations des acteurs de l’époque à aujourd’hui conforte cette perception. Mais la confrontation de cette représentation aux œuvres elles-mêmes révèle une distorsion entre réalité vécue et donné objectif des œuvres. Ce qui ne manque pas de poser question quant à une sociologie de l’art qui ne se fonderait que sur la seule mise en cohérence des représentations des acteurs.
2À cette thématique de la société de consommation de masse est associée une autre qui procède plus spécifiquement des catégories de perception des spécialistes : l’épuisement formel de la peinture et de la sculpture classique. Or c’est essentiellement à partir de la représentation du producteur, au sens où l’entend Pierre Bourdieu [2][2]Cf. Bourdieu P., Mais qui a créé les créateurs ?, in… (artistes, critiques, journalistes, philosophes, etc.), qu’est bâti ce discours formaliste sur le Nouveau Réalisme. Ce propos combine ce qui a été exprimé immédiatement à l’époque avec ce qui a été construit, reconstruit et peaufiné au fil du temps.
3Cette explication d’ordre esthético-formaliste dont l’épicentre est le ressenti des artistes impliqués, est la première que ces derniers avancent dans les entretiens qu’ils accordent à la critique et à la presse spécialisée. Source : https://www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2004-2-page-125.htm
Sur le plan pratique plan de stage
Matin travail en noir et blanc
Recherche d’une forme signe à répéter
1 même taille que se passe t’il ?
2 tailles différentes ( grande moyenne petites) que se passe t’il
3 que dire de la profondeur ? Le fameux 3D …
4 intro à la série … un exercice c’est bien mais si on réunit l’ensemble à partir d’une même forme signe commun ? Quelle vision de cet ensemble obtient-on ?
Après midi couleurs collages
La même chose que le matin en couleurs
Mise en commun découpages collages puis réalisation exercices individuels
Mise en commun de l’ensemble …. Que se passe t’il
Voir aussi ce site d’où j’ai extrait beaucoup d’infos sans les modifier vraiment d’ailleurs car parallèlement je récolte pour un autre stage sur le plagiat: https://unphilosophe.com/2014/10/20/prelude-aux-accumulations/
Un article très intéressant que je vais lire à « tête reposée »…
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Juste des notes pas vraiment un article construit … pas besoin de se prendre la tête et la poser sur une table 😉
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J’aime beaucoup ce thème, il est inspirant
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Tu l’utilises déjà j’ai pu voir à ta façon
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