L’hypothèse est une fabrication mentale, plus ou moins farfelue, elle nous sert néanmoins à expliquer le monde. C’est sur cette hypothèse de l’hypothèse qu’il décida de revenir à l’origine des événements ayant marqué sa vie. Le fait indéniable qu’il soit né prématurément, quelques semaines avant terme pouvait-il raisonnablement être la cause première de sa procrastination perpétuelle, peut-être ce traumatisme-il fallait bien nommer cette anomalie- était-il responsable de cette habitude, ce réflexe de toujours repousser la moindre échéance.
Car rien du mental ne pouvait changer cette habitude. On avait eu beau tenter de le raisonner, de vouloir le punir ou le récompenser pour qu’il fasse les choses dans les temps, rien n’avait jamais fonctionné.
Lui même avait beaucoup réfléchit à une multitude de raisons possibles comme une paresse congénitale, la peur de la mort, un refus d’accepter le temps comme une donnée commune mais non rien de tout ce à quoi il avait réfléchit ne lui paraissait suffisamment solide pour s’expliquer ses velléités, ses engouements et son obstination à vouloir les détruire en se désaccordant des autres.
Décalé n’était peut-être pas tant un défaut une tare que la mise en place systématique d’une stratégie que sa nature profonde ne cessait jamais d’opposer à l’ensemble conjoint des injonctions de l’univers et des hommes.