
Il ne s’agirait pas d’un coup de boutoir frontal. Le courage et la force bien qu’ayant un certain rôle à jouer ne serviraient qu’à faire surgir le mur aussitôt. Et forcément on s’y casserait les dents, et les bois. L’enjeu n’est pas la reproduction. Mais plutôt d’inspirer de nouvelles approches, sous forme d’escarmouches, une guérilla tranquille, et au travers desquelles l’ennemi nous considérerait inoffensif. Le ridicule pourrait être une consigne, ou tout du moins un mode. Mais un ridicule contenu, un ridicule qui ne s’exhibe pas, une étrangeté, proche de l’étrangeté qu’offre l’hermétisme, un peu ésotérique sur les bords pour laisser suffisamment de flou aux voyeurs.
Dali dans une mesure. Dali se déclarant comme étant le dernier peintre de la Renaissance avec un aplomb qui fait rire. Qui fait rire en premier lieu avant qu’un gouffre s’ouvre sous nos pieds, en saisissant vaguement, derrière l’apparente absurdité de son dit, quelque chose d’irréductible. il y a l’habileté, très proche du fantasme de perfection, sur chaque toile on peut s’en approcher pour le constater. À la fois avec plaisir mais une fois celui-ci évanoui, que conservons-nous du plaisir sinon un peu, parfois même beaucoup , d’effroi. Le lien aussitôt établi avec la grande peinture, s’effiloche pour finalement se retrouvé tranché par la bizarrerie des sujets déployés. Ceux là même qui touchent à cette partie de nous qui nous semble plus vraie que vraie. C’est à dire l’univers onirique, que nous plaçons généralement au fond des nuits, à sa place attitrée, qui ne serait pas sensée intervenir dans l’univers quotidien. L’apparition d’une toile de Dali ébranle par sa proximité avec la perfection tout en restant installée dans le monde des rêves et par ce fait nous fait douter à la fois de ce que nous nommons rêve et réalité. Voici un coup de boutoir latéral. Vieux style comme dirait Winnie dans oh les beaux jours de Beckett.