
J’entends cette expression, le transistor posé sur la table de la cour, près de la passoire et du saladier où l’on a découpé les fruits. En Gironde les pompiers sont parvenus à fixer le feu.
Bien sûr le feu. On peut imaginer qu’il soit fixé, arrêté à un endroit, ce qui procure une illusion de soulagement. Mais dans un envers de cet endroit rien n’est moins sûr.
Le feu est un mouvement lui aussi. Il ne semble s’interrompre que pour mieux reprendre des forces, à tout dévorer, griller, mijoter sur son passage. C’est un être feu, un esprit feu. Rien ne peut l’arrêter, on ne peut qu’imaginer le fixer, l’immobiliser mais c’est forcément temporaire. D’ailleurs cette temporalité du feu, qui naît un peu partout et qu’on tente de fixer. Ces incendies. Prouve qu’une temporalité, celle dans laquelle nous vivons par défaut est arbitraire, linéaire. L’aspect cyclique des feux, l’aspect cyclique des efforts pour les fixer, redonne au temps un petit air familier. Comme un vieil ami qu’on retrouve des années après et qu’on reconnaît tout doucement.