Lu hier le petit livre de Charles Juliet qui relate ses entretiens avec Samuel Beckett. C’était comme si j’étais là. Silencieux, attablé avec eux deux. Grand moment. Et toute le nervosité de Monsieur Juliet était à boire comme du petit lait. Ces questions. Merveilleux. Surtout le profil de marbre de Monsieur Beckett. Une falaise irlandaise sous les assauts des déferlantes, des embruns, imperturbable. Magnifique paysage. De là où j’étais, le trou noir de son oreille bien visible, comme l’entrée d’une caverne. Il y faisait bon, ni trop froid ni trop chaud, l’hygrométrie ajustée avec une admirable précision. Aussi m’y attardant paresseusement je pu constater l’effort renouveler pour trouver la réponse. Pas la première venue, pas la plus spontanée, pas d’esquive. Non. La seule et unique réponse possible qu’il puisse formuler. C’est quelque chose d’assister à cela. Et on apprend énormément, à la fois sur les réponses toutes faites, et sur celles que l’on est en mesure d’inventer tout seul. Monsieur Juliet évoque les longs silences de Monsieur Beckett. Vu de l’extérieur on peut tout à fait comprendre ce qu’il dit. Mais si on pénètre dans le creux de l’oreille, non. Le seul silence est la réponse quand elle surgit.

Merci, Patrick. Beau texte. Qui donne envie.
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