Se donner en spectacle

Peinture Karel Appel

Se donner, n’importe comment et pourquoi pas en spectacle. Se donner pour ne plus rien avoir à protéger. Pour ne plus bâtir de murailles, de frontières, de séparation. Se donner parce qu’en fait tu ne possèdes rien d’autre de plus précieux que toi-même et que cette richesse là t’apparaît si obscène. Obscène tout ce temps, ce luxe dont tu as disposé pour faire si peu. Tu t’es donné le temps voilà. Et désormais tu sens la mort arriver et tu te dis qu’une urgence de rendre devient pressante. Alors tu te donnes en spectacle, comme ces vieux clowns que tu avais rencontrés et avec qui tu avais sympathisé instinctivement, au cirque d’hiver, dans le début des années 80. Tu faisais des recherches sur Auguste. Auguste qui se casse la figure obstinément dans la sciure. Auguste qui tombe comme on se donne sans relâche. Pour un sourire. Et que récoltons nous bien sur à la fin, un rire, un haussement d’épaule. C’est l’ultime étape sans doute de parvenir à ne plus être touché par cette indifférence. Devenir un clown cosmique dont le seul public est l’invisible. Se donner en spectacle, en pâture à l’invisible.

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