
Très agréable surprise, de découvrir, au musée d’art moderne de Chora, sur l’île d’Andros, une exposition d’Alexandra Athanasseides. D’autant plus touché par son travail qu’elle est de ma génération. Elle est née en 1961 à Athènes, où elle continue de travailler et de vivre en sa banlieue. Touchante parce qu’elle exprime sa démarche à partir du fragment. Elle récolte des morceaux de bois flotté sur les plages, des morceaux de métaux rouillés, tout un tas d’objets hétéroclites qui sont des déchets, des parties mises au rebut et qu’elle réintègre dans ses créations, créant ainsi un cercle vertueux entre mort et résurrection. On peut voir beaucoup de sculptures de chevaux dans son travail, qui m’ont aussitôt représenté des images de la mythologie grecque, notamment le fameux cadeau d’Ulysse aux troyens. C’est un cheval constitué de vide et de bois flotté avec parfois des incrustations de rouille, décliné en plusieurs pièces. Ainsi par le déchet rejoindre le mythe, fabriquer cette ellipse, provoque aussitôt une excitation. Elle utilise aussi du carton d’emballage sur lequel elle dessine au fusain, gratte et colle de nouveaux morceaux ondulés, ce qui crée des marines fantastiques sur lesquels chevauchent des figures archetypales de cavaliers et de chevaux. Des bustes semblables à des torses éclatés de héros grecs. Je suis resté longtemps à contempler ce travail, et me suis attardé à visionner plusieurs fois de petits films vidéos dans lesquels Alexandra Athanasseides tente d’expliquer celui-ci. Peu de mots en fait. Mais des gestes, des assemblages de morceaux épars, de fragments, dont s’ils empruntent souvent pour s’assembler l’idée du Cheval, indiquent aussi un double aspect de l’artiste, un côté « fonceur » sauvage retenu d’une main ferme par l’intention artistique. Le produit de ce paradoxe n’est-il pas semblable à ce que désire équilibrer tout artiste. Qu’on soit sculpteur, peintre, poète, écrivain, il me semble que le noyau central est bien de trouver l’équilibre entre cette sauvagerie et ce que l’on comprend du mot civilisé, civilisation. D’autant plus difficile cet équilibre qu’il n’y a que par la compréhension de son asymétrie qu’on puisse s’y introduire. Cette fierté ressentie qu’une femme de ma génération produise un tel travail, une telle œuvre, comme si moi j’y étais pour quelque chose aussi, parce que c’est notre génération. Sentiment inédit, pas vraiment, mais peu observé jusqu’à ces derniers jours.






D’une grande beauté. Wow.
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J’y aurais certainement passé des heures.
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Sympa super article vraiment, merci pour cette belle découverte 😀 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Mood-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 😉
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