Civilisation “cool”

On comprendra d’autant moins la notion de résistance dans une civilisation qui l’absorbe, la phagocyte, la classe dans un “genre”, finalement semblable à tous les genres. Les plateformes de vente en ligne proposent sur un même plan, on pourrait parler d’ horizontalité, un horizon qui ne désigne plus un lointain mais une accessibilité immédiate , les ouvrages de Pierre Michon, de François Bon, de Céline de Blanchot. que les ouvrages d’auteurs dont la popularité s’appuie sur un nombre d’avis, un classement des ventes, un nombre d’étoiles. Tout est donc accessible si on cherche un titre, un auteur, et peu importe que celui-ci soit disruptif ou plébiscité par le consensus. Consensus fabriqué de toutes pièces par un système d’algorithmes qui amplifie, nourrit, crée, à des fins mercantiles, le goût véritable des lecteurs. Tout est donc au même niveau en apparence, tout ouvrage possède sa chance en apparence. C’est cela la civilisation du “cool”, une priorité donnée aux apparences. Et surtout si tout le monde sait désormais ce qu’est une apparence. On pourrait penser à une religion des apparences, avec ses temples, ses mystères et ses initiés. La grande divinité “cool” est l’apparence. Sous son sceau désormais, l’art, sous toutes ses formes, toutes ses intentions, au même titre que les démocraties et les dictatures, dans le fond, peu importe ce qui jadis nécessitait des mots, ils ne sont plus guère que des étiquettes, des mots-clés, se raccordant à des catégories, des genres. Ils n’ont plus guère de valeur que ce que l’apparence veut bien leur concéder.

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