
Comment sais-tu que le texte, le tableau s’achève. On te pose souvent la question pour le tableau, et souvent tu bottes en touche avec une histoire construite à partir de l’inachevé et l’irrémédiable. Ce n’est que partiellement juste. Il faudrait parler sans doute d’un mouvement de la peinture par celui de l’écriture. Comment arrive le point final, de la même façon que la dernière touche. Dans une forme d’éreintement après avoir été habité passagèrement par quelque chose. On apprendrait à tâtons que la touche ou le point serait le dernier acte d’un processus mettant fin à cette étrange possession. On avouerait ainsi en finir avec la toute-puissance qui vient de nous traverser. On reviendrait par un ultime geste à l’humain le plus insignifiant. On se sauverait ainsi en s’achevant. Tout ce qui importe en peinture comme dans l’écrit c’est la première touche, la première phrase voire le premier mot. Ensuite il n’y a plus qu’à dévaler la pente ou s’élancer vers le sommet, peu importe le relief. Ensuite on ne sait pas vraiment ce qui se produit, mais cela vide, cela crève, suivant l’endurance, l’habileté à maintenir plus ou moins longuement cette endurance, et qui se muscle par de longs jours stériles si souvent. Un entraînement aussi à mourir, au début dans une agitation, une panique, ou une euphorie. Cela peu s’améliorer aussi. En revanche le moment juste on doit apprendre à s’en approcher comme on se nourrit. Guetter la satiété comme la fatigue, le sommeil, trouver l’interstice exact, si fin qu’un chas d’aiguille à côté serait une autoroute. Et juste avant le collapse, l’ultime.