
Il aurait aimé leur dire tant de choses, mais les mots ne venaient pas. Ou alors les mots venaient, mais ce n’étaient pas ceux qu’il eut souhaités. Ils tombaient de guingois, maladroits. Était-ce possible d’être ainsi trahi par les mots, par ses propres mots. Souvent il se le demandait. A chaque échec, chaque déception, il se l’était demandé. Mais la seule réponse était un silence, alors lui aussi s’était tu. Il s’était enfermé dans ce silence. Et désormais les mots, tous les mots, venaient se briser sur les parois d’un silence, comme des gouttes de pluie à la surface d’une vitre. Le langage, les mots, n’étaient plus que les signes d’une intempérie qui durait, mais dont on pouvait se tenir néanmoins à distance, s’en protéger par le silence. Le silence comme un parapluie, un abri-bus au cœur de la ville. Apprendre à tenir dans l’immobile au cœur de la mobilité incessante Par le silence s’approcher ainsi du monde serait plus étonnant, plus étrange, plus amusant que triste. La tristesse était une possibilité d’égarement. une erreur, un réflexe dû à un écart hors de ce silence. Plutôt que de désigner les choses il préférait désormais s’abimer en la contemplation de celles-ci. Il en extrayait la croyance qu’il pourrait ainsi retrouver à la fois la paix et une sensation d’unité. C’était assez proche d’une conviction, d’une foi, les mots séparaient beaucoup plus qu’ils ne ramenaient à l’unité. Ils étaient cause d’incompréhension, de malentendus, de discorde la plupart du temps. Alors que la contemplation menait presque aussitôt à une euphorie. Et peut-être que tous ceux autour de lui qui utilisaient les mots, les utilisaient-ils de façon inconsciente, inappropriée, peut-être étaient ils victimes ou coupables, en toute inconscience, du même désordre, de la même confusion. Et que l’ensemble de ces écarts individuels effectués en dehors de l’abri du silence, tous ces risques inconsidérés, plongeaient toutes ces personnes dans la même sensation de tristesse, incapables désormais de retourner à la joie, à l’unité. Ils ne prenaient plus le temps de contempler, il se promit de le faire pour eux.
Silence ! Le cœur parle…
Que ces mots viennent du tréfonds du cœur !
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vouloir dire
mais les mots
si souvent maladroits
et le silence en parapluie
un abri
où rester immobile
au coeur du désordre
à contempler l’abime
en y cherchant la paix
mais les mots mal entendus
alors de peindre
pour lui mais le monde
…
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