
Certains jours, rien ne vient. Et, ce qui est désolant, on ne prend pas ce malaise autant en considération qu’il le faudrait. On éprouve un vide, un manque, un mal-être, mais on souhaiterait passer outre. On se cravache, cheval et jockey, tout en refusant de vouloir remonter à la ligne de départ, du faux départ, du premier fichu point d’où sort cette ligne. Parce que l’on se dit que c’est une ligne fictive. Imagination. Ainsi, on se dit, n’écoute pas, va de l’avant, va plus vite, plus fort, encore plus fort, courage, parfois, c’est ainsi, marche ou crève. Évidemment, on se fatigue. Au bout du compte la lassitude s’installe dans son fauteuil crapaud d’à quoi bon. Se pose-t-on jamais cette question vraiment ; Pourquoi les choses viendraient-elles d’elles-mêmes naturellement ? Sont-elles obligées de venir et par qui ou par quoi ? Faudrait-il de ce fait rester ainsi bras ballants comme un idiot en attendant qu’elles daignent enfin venir ces choses ? Que comprendre alors de cette attente, si toutefois on accepte de s’y plier ? Que pourrait-on en retirer comme leçon ? Ne faut-il pas tirer parti de tout ? Apprendre ? Dominer ? Remonter à la ligne de départ doucement, lentement, en essayant de ne manquer aucune étape, aucun faux pas. Autrefois, j’ai attendu de longues heures une fille à Montluçon. J’attendais parce que j’étais amoureux, du moins c’est ce que j’imaginais. Ainsi, il faut donc une raison pour attendre, réelle ou purement fictive, cela n’est sans doute pas très important. J’attendais là sur ce banc pas très loin de la gare de Montluçon, je m’en souviens avec une clarté incroyable, comme si je zoomais sur la moindre feuille de platane, le moindre passant anonyme s’agitant en cette fin d’après-midi d’août. J’attendais comme on fournit une preuve parce que l’amour se mérite. Et j’estimais cela injuste bien sûr. Comme si l’on te devait l’amour pour service rendu… Pourquoi ai-je attendu cette fille si longtemps ? J’ai toujours eu une gêne, même une honte, disons-le, à parler de ce genre d’attente. J’ai pris le parti de garder cela pour moi honteusement, vous voyez… Comme si l’on devait s’acharner, comme si l’on devait au moins essayer de forcer quelque chose dans cette attente. Peut-être pour briser cette enveloppe, cet emballage qu’est la patience. Alors, on dit patience pour ne pas tomber sur le pot aux roses trop rapidement. On dit patience pour reculer davantage au loin, l’arrivée du pire. Tandis que tous les indicateurs sont dans le rouge et ne cessent de te prévenir par d’autres voies que les pensées, on se réfugie sagement dans cette patience étrange. Comme une brebis rentre en son étable en se persuadant de la sécurité de celle-ci et déjà que sécurité et bonheur sont pareils. Pour au bout ne trouver que cette défaite. Je me souviens d’avoir été ridicule lorsque je me languissais ainsi en attendant ses lettres chaque jour. Ce ridicule, je ne pouvais pas non plus m’y arrêter, il ne pouvait pas me convaincre vraiment, ce ridicule était encore un nouveau stratagème pour me faire lâcher prise à l’attente. Par ailleurs, je ne pouvais rien dire à quiconque. Ni autrefois à Montluçon ni plus tard en pension. J’étais complètement seul au monde dans cette attente. Et, aussi, comment il m’aurait été alors impossible de vouloir en sortir, de m’intéresser à autre chose qu’à celle-ci. Ou, comme il m’aurait été tout aussi détestable de ne pas conserver cette ferveur de l’attente. Par ailleurs, il y avait ce refus de vouloir trahir cette ferveur, ce véritable don du ciel -pensais-je- en me dispersant tout entier dans d’autres activités que je jugeais subalternes, méprisables. Rien d’autre n’avait cette puissance, cette force d’attractivité que cette attente. Un trou noir éventuellement. Mais, certainement pas le programme scolaire, certainement pas, non plus ces repas de famille qu’il fallait affronter les rares fois où je revenais à la maison. Ma volonté d’attendre était d’une détermination sans bornes. Je ne pouvais et voulais me concentrer qu’uniquement sur celle-ci. Parfois cela devenait si intenable, tellement intolérable de rester figé ainsi que mon corps réagissait. Alors, il me demandait de bouger. Ensuite, je gesticulais beaucoup, allant et venant, tentant de l’éreinter, ce corps réclamant, dans de longues marches. Puis un jour, peu après mon arrivée à Saint-Stanislas, j’ai découvert la barre fixe au beau milieu du parc de la pension. Et, je me suis mis à observer également, à admirer les anciens. Quelle prestance, quelle élégance, on ne voyait rien de l’effort, ils tournaient autour de cet axe horizontal en défiant les lois de la pesanteur, de l’ennui. N’avaient-ils pas découvert une façon de reporter leur attente sur un objet concret ? Et, grâce à cette translation de l’attente en effort autour de cet axe métallique et froid, immuable, n’avaient-ils pas découvert une voie, un moyen non pas pour s’évader, mais au contraire pour creuser l’attente… au moins vers la liberté du corps, et peut-être aussi de l’esprit ? Cette métaphore se trouvait fort proche de ce vide auquel duquel que je ne cessais de tourner en le remplissant de mon attente. Même effort. Cela me convenait de voir que l’on pouvait faire quelque chose d’autre que rien à partir de cette attente. Cela me rassurait. Avais-je vraiment besoin de temps à autre d’être rassuré ? Sans doute. Surtout, je remarquais qu’en m’exerçant ainsi sans relâche à la barre fixe, on mesurait potentiellement un progrès jour après jour. On ne pouvait notamment pas douter du progrès, chose impossible quand on ne fait qu’attendre sans rien faire d’autre. Alors, je me suis contraint à étudier l’attente d’une autre façon, sans doute en m’exerçant à la barre fixe installée au beau milieu du parc de l’Institution. Ici encore, que d’efforts acharnés pour parvenir à effectuer la première traction, le premier rétablissement, le premier soleil… et je me récitais de vieilles comptines enfantines pour m’égayer. Si tu es patient, si tu es sage, tu auras un bonbon, un bon point, une image, tu seras reconnu et aimé. C’était cela l’éducation de mon enfance, une sorte de chantage finalement, je m’en souviens, les choses n’ont d’ailleurs guère changé. Finalement, tout tournait déjà autour de cette idée d’être apprécié. D’être enfin accepté, d’être reconnu. Comme moi, je tournais de plus en plus adroitement autour de la barre fixe et que le public formé pas les nouveaux désormais m’applaudissait. Je n’attendais pour autant rien de la barre fixe en elle-même. Elle ne m’avait rien promis cette barre froide de métal, il n’y a que moi-même qui m’étais fait la promesse de parvenir à y grimper et m’y améliorer… que moi seul qui m’étais promis à moi-même d’y arriver. Le but, quel était-il sinon enfin parvenir à effectuer un soleil impeccable. Était-ce vraiment l’unique but ? Bien sûr que non. Apprendre à me faire un peu confiance, être enfin vu, aimé, admiré peut-être à mon tour… Ils ne sont pas si nombreux qu’on les imagine ces buts. Mais il y a aussi des limites à cette patience lorsque le résultat est atteint, ou quand il se fait trop attendre. Qu’il ne vient jamais. Quand tout le monde autour de toi a oublié les promesses, oublié tous les efforts que tu as effectués pour obtenir le résultat. Y compris te propres promesses que tu t’es fait à toi-même. Et oui, il ne faudrait pas oublier celles-ci non plus. Puisque, au bout de toutes ces promesses non tenues, tout te semble si vain, si vaniteux. Ainsi, tu auras été patient pour simplement passer le temps en étudiant toute la vanité au fond de toi-même, et, ce faisant, il ne reste guère que l’amertume d’avoir perdu ces minutes, ces heures, ces mois, ces années. Tu n’as rien obtenu de ce qui avait été promis. Donc, tu t’es fait rouler, tu t’es floué tout seul, avoue-le. Tu n’as donc été patient que dans une attente d’une chose implicitement promise qui n’est jamais venue. Parallèlement à cela, tu as aussi voulu faire tienne cette idée, élever l’action à la hauteur d’un sacerdoce. On imagine facilement que l’agir sauve de l’attente. C’est peu vrai. À vrai dire, on continue plus ou moins à passer le temps pour atteindre des buts qui finalement sont dérisoires, presque mesquins. On peut agir et finalement ne rien faire vraiment ou faire à côté. Peut-être que ce qui est attendu au-delà de ta propre mascarade est une tout autre chose sur laquelle tu n’as jamais voulu te pencher, car elle te semble encore plus incroyable ou dérisoire que tout le reste. Un espace sacré, un lieu sanctifié au-delà. Celui de l’âme ou de l’être, tu ne le sais pas très bien. Probablement le lieu dans lequel agir et être enfin est enfin circonstance propice au concert. On attend la grâce, comme on attend l’amour, la mort. C’est plus ou moins toujours la même attente, le même schéma, on espère, que ça nous tombe dessus comme finalement la chance, la reconnaissance, la fortune, certains même, évoquent des poulets célestes et rôtis. Attendre donc. Non pas dans une obligation quelconque que l’on se donnerait, mais plutôt en se laissant emporter dans un instant de grâce. L’inspiration serait peut-être plus un relâchement, après une ténacité longtemps main tenue dans une longue durée, une durée qui paraît interminable, toutefois dont la récompense unique serait de toucher les parois d’un tel lieu. Que ce soit un instant éphémère ne possède pas d’importance. On ne peut se dire non plus tout ça pour ça. C’est un moment, c’est ce moment-là, on ne peut s’y tromper, on ne le doit à rien ni à personne, pas plus qu’à soi-même. Et, pourtant, certains l’attendent toute leur vie sans pour autant y parvenir. C’est ce point central. Cette peur qui attire comme le désir. J’ai mis longtemps à ne plus rien attendre de l’extérieur vraiment. Tout ce qu’il m’était possible de faire à partir de cette intuition, on ne peut pas réellement parler de pensée structurée. Cependant, j’ai tenté de le mettre en pratique, que ce soit dans les boulots alimentaires que je choisissais d’effectuer, dans les relations que j’entretenais avec autrui, et bien sûr au travers de la peinture et de l’écriture. C’est comme si je me suis toujours tenu face à cette barre fixe de mon adolescence. Sans honte de peiner, d’être maladroit, en hissant ce corps si lourd, au début, pour l’amener vers le soleil. Parfois, j’y suis parvenu. Mais, rien n’est jamais acquis, et pire, une fois que quelque chose est acquise, on rêve toujours d’aller encore plus avant. On recommence sans relâche, car ce n’est jamais totalement satisfaisant. C’est de l’humilité dissimule derrière l’orgueil sans doute, on se persuade que nous ne valons jamais autant que cet absolu que l’on devine, à vrai dire, simultanément en soi et en dehors de nous. Alors, on continue à cravacher cheval et jockey, attente ou pas. Certains jours rien ne vient, on se déprime, on s’angoisse, on se désespère, on rejoue toute la comédie humaine de qui nous sommes . Il faut donc aussi accepter ces passages, je crois, ne pas les prendre trop au tragique, cela tournerait rapidement au grotesque, au burlesque de le faire. Cependant, si on en éprouve également la nécessité, le besoin, pourquoi reculer devant l’obstacle… être humain, je suppose que c’est tout cela et le travail n’est-ce pas d’explorer tout cela, d’explorer tous les recoins parfois jusqu’aux plus honteux, les plus nauséabonds les plus désolants. c’est aussi ce que j’ai toujours cru ou espéré sans doute. Comprendre l’être humain que je suis, et par là comprendre tous les autres. L’écriture, sans doute, le vermet d’explorer cette partie. La peinture, c’est autre chose, c’est certainement explorer ce qui relie l’humain à tout le reste, à l’univers dans son ensemble. La peinture telle que je la perçois me demande davantage. Elle me demande de devenir inhumain très souvent. C’est une relation à la matière, à la couleur, a la nature, à une base fondamentale dont nous sommes issus comme une possibilité, mais non comme finalité. La peinture, c’est un hommage, une reconnaissance, une rétribution, une offrande. Alors, je peins parce que je n’attends rien vraiment sauf de me montrer vraiment digne, à la hauteur d’exister. Certains jours, je sens que ce n’est pas cela, que je me suis égaré, que je suis redevenu trop humain. La peur et le désir m’empoignent et c’est cette résistance à ne pas y succomber qui me place dans l’immobile, dans cette espace, ce lieu, cette antichambre que je nomme l’attente.
Comme une carte postale oblitérée par l’attente. À qui l’envoie-t-on ? Peut-être uniquement à soi-même. Et, on imagine ainsi, au travers de l’épaisseur de notre incompréhension, de notre ignorance, autant de termes utiles pour créer un espace, une distance, un expéditeur, un trajet, une durée qu’elle parviendra, cette carte, dans les mains d’un destinataire. Qu’importe l’adresse, la maladresse, l’important est de l’écrire puis d’envoyer cette carte postale, pour se rappeler au souvenir . Pour dire, je pense à toi. Même si l’on ne sait plus vraiment qui est ce toi. D’autant plus encore si à un moment, par habitude, on a cru le savoir, puisque l’on s’est rendu compte qu’en réalité, on ne sait rien du tout. Ce pourrait être un point de départ que cette acceptation de l’ignorance. Que l’on n’en sache pas plus sur l’autre que sur soi. Que nous sommes baignés dans une fausse lueur de familiarité, et que nous dormons ainsi, dans un sommeil plus ou moins tranquille, plus ou moins agité, dans l’attente de nous réveiller à une nouvelle journée ?
Mais, certains jours, malgré toute la bonne volonté, rien ne vient. On ne sait que dire, quoi écrire, ni peindre. On se trouve empêché pour tout. On ignore ce qui nous arrive, surtout les jours de beau temps. C’est désolant. Pourtant, ce qui est plus désolant encore, c’est cette habitude de subir l’empêchement comme une fatalité. Comme on subirait la vision d’un nuage lourd qui surgirait dans le ciel bleu annonçant le mauvais temps. Que peut-on faire contre le mauvais temps, comme contre mauvaise fortune ? Certains disent bon cœur. C’est peut-être une solution. Si l’on ne s’arrête pas trop sur la définition des mots. Ou si au contraire, on a pris l’habitude de peser chaque mot avec énormément de scrupules. Bon cœur, je n’ai jamais vraiment compris ce que ça signifiait pour la plupart des personnes qui me l’évoquaient. Avoir bon cœur, le cœur sur la main, être ce bon petit cheval blanc du poème de Paul Fort. J’aurais aimé le croire, parfois, je suppose même y avoir effectivement cru, enfant. Et, encore, mon souvenir est-il perclus de doutes quant à l’authenticité réelle de cette croyance. C’était probablement pur mimétisme. Mais, l’histoire du cheval blanc finie mal. J’aurais préféré qu’elle finisse mieux. Derrière la queue du petit cheval, j’ai saisi simultanément l’énoncé d’un pire dit à mi-voix. Aller vers la mort, bon cœur ou pas, ça ne doit pas changer extrêmement quelque chose au résultat final. Et, simultanément, cette histoire de bon cœur me tenaille encore tant et tant. Je ne peux pas le nier. Pour l’image surtout, à projeter. Tout ce cinema. Comme si c’était une obligation que l’on m’avait fourrée dans le crâne tacitement. Que tout se résoudrait avec bon cœur ou encore si je daignais abandonner ma fierté, mon orgueil, pour me mettre à genoux et prier le Bon Dieu ? Je n’avais pas suffisamment la foi, j’ai toujours beaucoup trop réfléchi, en résumé trop souvent pesé le pour et le contre.
Par ailleurs, je viens d’une famille où peser, calculer sont des mots importants, essentiels. Le fléau de la balance m’est familier, la notion de scrupule n’est pas associée à l’honnêteté, mais plutôt à celle de l’équité, de la justice. Et, davantage, à celle de l’intérêt. De la survie des affaires. Cependant, ce qui paraîtra juste pour l’un sera généralement injuste pour l’autre. Les affaires exigent d’être concrètes, pragmatique, on ne peut pas se laisser attendrir par des états d’âme. On les repousse même comme des intrus. Ainsi, on finit par les bannir tant que l’on évalue si l’état d’âme existe vraiment, si ce n’est pas plutôt un mensonge, une pure fiction inventée par quelque paresseux. Mon père détestait les états d’âme, ma mère se noyait dedans. J’avais donc tout loisir d’étudier l’état d’âme à loisir. Un véritable sujet. Peser le pour et le contre également. Personne n’a tort, personne n’a raison, ou alors tout le monde. Voici comment la vie passe avec ses nuances, comme peintre, on ne peut pas se laisser berner trop longtemps par l’émotion, sinon on finit par se retrouver face à de la boue. L’émotion n’est qu’un point de départ, ensuite autre chose doit entrer en jeu. Tout est important, on ne peut rien rejeter. On continue bien sûr à peser, à calculer, mais différemment. Ainsi, il ne s’agit plus d’être épicier, deviens alchimiste. C’est une expérience dans laquelle l’observateur fait partie intégrante de l’expérience. L’observateur, ses observations, au même titre que la balance qu’il utilise pour peser les ingrédients, émotions et pigments.
Certains jours, on oublie toutes ces choses. On ne comprend pas pourquoi, c’est ainsi. Certains jours, rien ne vient. C’est ennuyeux, désolant. À se taper la tête contre les murs. Une véritable panique, de se retrouver une fois encore rejeté en marge. En marge de quoi, mais du monde forcément. Ainsi, on se retrouve seul et désespéré comme un gamin qui regarderait le monde continuer de tourner sans lui, voilà ce que c’est, ce rien ne vient. Ni plus ni moins. C’est un événement, on pourrait même ajouter climatique, pour bien enfoncer le clou. Cela octroie la possibilité de subir mieux encore l’événement. Moins frontalement. Mais, un nuage n’arrive pas ainsi. Pour rien. Il y a des raisons, une histoire de vapeur, de chaleur, de limites, d’électricité et pour finir quelque chose qui ne peut plus se contenir, et qui crève là-haut en provoquant la pluie. De plus, on aimerait tant que tout soit explicable et raisonnable. Certains jours, quand rien ne vient, on omet cette possibilité-là. Il y a une sorte d’attirance magique pour ce genre d’événement, qu’on le veuille ou non. Cela doit provenir d’une partie très enfouie au fond de nous-mêmes. Sans doute cette part enfouie dans un temps préhistorique où le moindre éclair était parfaitement audible simultanément que visible. Quand aucune séparation ne s’effectuait entre l’ouïe, l’œil et la flagrance, le goût ? Quand n’importe quel événement était absorbé dans sa nature ontologique et la nôtre ? Saisie dans sa fulgurance, la réaction alors se devait d’être tout aussi fulgurante. On n’avait pas le temps de peser, soupeser, négocier. Par ailleurs, il fallait courir vite, ou bien se défendre. La survie, voilà tout. Aujourd’hui, on souhaiterait vivre, exister… mais ces mots ne servent finalement qu’à des vendeurs de soupe. Qu’on le veuille ou pas, tout le luxe, le confort, l’illusion de sécurité que l’on accole à ces mots, le bonheur… ne sont souvent que des arguments marketing. Le bonheur n’a rien à voir avec tout cela. Le bonheur est pour chacun ce qu’il se fabrique comme équilibre en acceptant les déséquilibres dont il se sert pour y parvenir. Certains le comprennent intuitivement. D’autres peinent toute une vie pour abandonner la réthorique, entrer enfin en poésie. J’imagine appartenir hélas à cette seconde population.
Il me paraît impossible de ne pas utiliser la réthorique dans l’attente de ce qui ne vient pas. Elle m’aide ainsi à saisir la vanité de ce qu’elle est , de ce qu’elle a toujours été. Un nuage d’encre sans doute. Ensuite je pourrais questionner cette volonté de partager mon charabia, de publier un tel texte. D’exhiber cette part si ridicule de moi-même. Et tout ce que je trouve comme argument c’est que je ne peux rien faire d’autre que cela en ce moment, exhiber cette facette ridicule autant que j’ai jadis tenté de la masquer aux autres comme à moi-même. Peut-être qu’ainsi ayant atteint sa finalité, me flanquera t’elle enfin la paix, et que je pourrais alors me remettre à peindre de la façon la plus inhumaine qu’il me sera donnée de le faire.
Non seulement tu n’es pas ridicule mais ce que tu dis m’est étrangement familier, La balance familiale ( mes parents étaient commerçants) je l’ai repoussée de toutes mes forces et je la repousse encore
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Merci Barbara, mais c’est un ridicule si ancien … Ridicule selon moi et mon fantasme de sérieux évidemment, une entrave contre laquelle j’aurais lutté aussi et souvent perdu.
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Qu’est-ce que ça veut dire exactement quand on perd?
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Bonne question et à chacun de trouver sa réponse je crois, on peut perdre beaucoup de choses ainsi, et possible qu’à la fin on y gagne
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Et ensuite, on recommence dans l’autre sens certainement c’est comme ça que c’est juste
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Ce texte prouve que quelquechose est venu, que tout est issu du vide.
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Oui mais le vide vient d’où…
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On se demande pourquoi cette exhibition, sortir de l’intime vers l’extime ? Une bouteille à la mer, une quête éperdue de… sortir aussi de soi, d’aller vers… ?
Aller plus loin encore ?
Transformer ?
Le chamanisme, l’esprit de … l’art de la transformation ?
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Et bien beaucoup de réponses possibles pour chacun …
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Alors, au travail, à commencer par moi-même !
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J’ai adoré ce texte. Quant à la marge…Jean-Luc Godard l’avait défini comme ceci: « La marge c’est ce qui retient les pages. »
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Avec l’attente nous ne sommes jamais seuls
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