Prendre une bonne goulée d’air. Gonflé à bloc. Pas de pensée. Prendre le gant, le passer sous l’eau. Tester vaguement la température. Pas longtemps. Laver le vieux. Toucher sa peau, et frotter. Ne pas avoir peur de s’enfoncer dans le recoin. Le plus intime. Réfléchir à une chronologie des gestes la prochaine fois. Ne pas commencer par la fin. Un minimum de respect va bien avec l’ordre des choses. Ou alors prévoir plusieurs gants. Et ne pas regarder le regard. Ne jamais s’appesantir. éviter de s’émouvoir. Enchainer. Enchainer surtout. Chorégraphie. Se détacher totalement de la main serait idéal. Mais idéal n’est encore qu’une idée. Laver le vieux c’est être dans le dur. Dans le vif du sujet. Tourne toi le vieux, d’un coté puis de l’autre, que rien de ce que tu es matière et chair n’échappe au gant. Ce que tu es pour moi ne compte guère. Dire que des gens sont payer pour faire ce genre de gestes à ta place. Il faudrait être tout à fait comme eux. Laver son vieux comme si on était un autre. Ici on ne parle pas de père, de papa, de grand-père ni d’aïeul ici on s’occupe de dépouille déjà. de se dépouiller soi et l’autre. Jusqu’à l’os. Images paléolithiques qui affluent. Des monceaux de cranes blancs et de tibias. Celui qui lave et celui lavé. Réduits à leur plus simple. Puis Expirer un bon coup à la fin.
Dans le vif du sujet ! (si j’ose dire)
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