
Explorer une idée, oser aller jusqu’à une limite, la dépasser si possible, il ne s’agit là encore comme en peinture que d’effectuer un exercice, ne surtout pas imaginer écrire quelque chose d’original et encore moins de la littérature. ( contrainte 1500 mots minimum)
Il faut croire à la matière en premier lieu afin d’en extraire les rudiments du plaisir. Téter le sein maternel, après la chute hors du paradis dont l’espace temps dure approximativement neuf mois, une éternité. téter, sucer, suçoter, lécher, savourer, avec les lèvres la bouche les quenottes la langue se relier ainsi d’une certaine façon à cet autre perdu puis retrouvé par l’organe de la parole. mais ne pouvant rien en dire encore, recueil ou retrouvaille d’impressions qui imprimeront certainement dans la cervelle, la chair, le cœur et pourquoi pas l’esprit et l’âme, des traces des empreintes des directions invisibles mais inéluctables. Prématuré et ayant atterri dans une couveuse à l’hôpital de Montluçon dans l’Allier je fus dispensé du sein maternel et ai certainement dû trouver mon plaisir autrement que dans le goût du plastique, des tuyaux et autres tubes de diverses sections que l’on me colla dans la bouche essentiellement pour m’alimenter, afin que je survive. A moins qu’évidemment la notion de plaisir se trouve dispensée à son origine, sur un plan de l’univers qui nous reste invisible comme insensible, de tout objet réel, matériel, qu’elle n’exista deja au paradis comme idée ou principe. La matière dont la chair et le sein font parties n’étant que prétexte à retrouvailles puis développement du dit plaisir, lui permettant de s’incarner d’être exploré et pourquoi pas ensuite exprimé, partagé et ce sous diverses facettes, le temps bref d’une vie. Que la première sensation de bien-être, de volupté nous parvienne par la bouche, on peut imaginer le parcours ensuite avec la parole qui sans doute n’est qu’une recherche, une quête incessante de réactualiser cette même volupté une fois le sein retiré, la frustration vécue, le sevrage. Nostalgie étrange d’un sein qu’on n’a jamais tenu. Le babil prend ainsi le relais du plaisir et si on accélère le temps si on parcourt en un clin d’œil les années probablement qu’écrire aussi participe de cette quête incessante de plaisir labial. Cette fameuse voix dont on ne prend pas conscience immédiatement et qui prononce presque toujours à notre insu les phrases que la main écrit. C’est tardivement que je me suis aperçu de cette prononciation parallèle des mots que j’écrivais. Elle ne m’a pas sauté aux yeux dès le début. Parce que mes yeux étaient occupés à toute autre chose justement. N’ayant pas bénéficié du plaisir du sein il se sera reporté sur d’autres sens d’autres organes. L’œil principalement. La fascination de voir occultant finalement toutes les autres fascinations possibles. l’œil comme chef d’orchestre imposant aux autres musiciens son propre rythme son propre souffle, sa respiration son idée de plus en plus précise, exigeante de l’harmonie, finalement impossible à atteindre comme il se doit, puisqu’elle ouvre simultanément cette quête comme une fenêtre sur l’infini. Mais suffisante malgré tout pour déléguer peu à peu à d’autres parties du corps le même goût de cette recherche, trouver ainsi un mot le prononcer à haute voix peut se rapprocher d’un joli colombin, de préférence assez long et solide que l’on défèque par cet autre orifice doué lui aussi pour la quête de plaisir, l’anus. Trouver ainsi une relation étroite entre parole et excrément, verbe et merde, peut choquer évidemment bon nombre de personnes je l’imagine par avance mais je ne présenterai aucune excuse pour des raisons éthiques ou autres qui ne seraient que billevesées sur le plan que je suis en ce moment même en train d’évoquer. C’est à dire un plan immatériel justement. Que notre bouche soit reliée directement à notre anus n’est pas une invention n’est-ce pas. C’est prouvé scientifiquement depuis belle lurette. Et s’il fallait plus de preuves aux septiques endurcis, il n’y a qu’à écouter les locutions de nos contemporains qui ne goûtent pas tel ou tel ouvrage, article, voire discours en résumant leur déception par un spontané « c’est de la merde! ». Ce qui me permet une transition logique, facile avec l’ouïe. Le plaisir, la volupté que ce sens est tout à fait apte à recrée. Notamment en se concentrant sur la musique au sens le plus large: celle naturelle et qui provient de toutes les interactions des éléments naturels entre eux, comme celle fabriquée par l’esprit humain. Pourquoi effectuer ici encore une séparation. Et allons encore plus loin, franchissons la frontière de ce que l’on nomme le goût, la mode, la norme, possible qu’une ouïe rompue à reconnaitre partout la musique et le plaisir qu’elle peut lui apporter le trouve même dans le bruit d’un marteau-piqueur, dans le froissement de la tôle lors d’un accident routier ou ferroviaire, dans les cris d’effroi d’un enfant que l’on bat, comme dans l’inquiétant silence qui suivra chacun de ces événements. Encore une fois la moralité n’a rien à voir avec le plaisir de l’ouïe, sauf le contraindre à ne rester que sur une fréquence réduite. Fréquence constituée artificiellement par l’éducation, puis plus tard le goût, l’opinion de tout à chacun en matière de musicalité. Comme si chacun pouvait vraiment posséder une opinion personnelle ce dont on peut évidemment douter En ayant travaillé dans des instituts de sondages qui sont chargés non pas de recueillir une opinion mais plutôt d’en créer une, on peut évidemment douter de la solidité de tout fondement quant à ces opinions dites personnelles. Ce que je veux dire plus simplement c’est que le plaisir est soumis à autorisation et interdit bien plus qu’on puisse décemment l’imaginer encore au vingt et unième siècle. Peut-être même plus conditionné dans nos temps dits modernes qu’au Moyen-Age, dont on se fait également une idée effroyablement erronée. ( à développer dans un autre billet) que presque toutes les religions décident pour nous de règles à ne pas franchir, vestiges des anciens tabous c’est parce qu’elles veulent nous entraîner dans la crainte de la dissolution. Nulle société ne pourrait fonctionner pas plus qu’aucune église s’il n’y avait pas cette invention monstrueuse, c’est à dire la contrainte de canaliser toutes les énergies vers un but très précis pour elles qui est de se maintenir et de nous gouverner. Cependant qu’on peut tout à fait leur reconnaître un certain génie pour y parvenir comme une bêtise crasse chez la plupart des contemporains de ces époques. Abêtissement crée et entretenu par la crainte comme par des enfantillages que sont croire, espérer, profiter. Autant de termes que l’on peut réunir aussi dans les mots effort, abnégation, travail, récompense, reconnaissance. Bref des billevesées encore. On peut dire sans trop plaisanter que ces têtes pensantes ne ménagent pas leur plaisir de toujours enfumer leurs ouailles, et je reste urbain dans l’expression enfumer. Et si jadis leurs pères savaient si bien contrôler tout ce qui peut sortir par la bouche, ils se seront améliorés avec le temps en laissant les bouches dire ce qu’elles veulent dire puisqu’aussi bien la régulation est déjà prévue mathématiquement par les nouveaux outils que sont les algorithmes. Si Giordano Bruno par exemple disait aujourd’hui ce qu’il a dit naguère, il ne serait plus brûlé, mais tout simplement ignoré, on ferait tout pour qu’il ne bénéficie que d’une audience minime. Et si malgré cela sa parole franchissait la ligne du périmètre que la bien pesante lui aura tracée, une armée d’experts de tous poils lui tomberait aussitôt dessus afin de la tourner en ridicule. Le fameux ridicule dont on maintient la croyance qu’il peut lui aussi rendre caduque n’importe quel individu, le rendre insignifiant. Le pouvoir ne change pas au travers du temps il améliore ses outils ses stratégies. Et s’il s’acharne à le faire c’est qu’il y trouve du plaisir à identifier chez la foule, le peuple, les masses toujours la même bêtise. C’est à dire cette volonté étrange de toujours vouloir suivre des ordres que l’on dictera pour elles, ne cherchant que très partiellement exceptionnellement à penser par elle-même. Tout simplement parce que la foule, le peuple, la masse sont des termes abstraits totalement inventés, qu’en réalité il n’y a que des solitudes individuelles qui ne cherchent la plupart du temps à fuir leurs solitudes comme s’il s’agissait d’une malediction. Se rassembler est probablement un plaisir on peut le constater les jours de noces, d’enterrement, de grande manifestations sportives, à Noël, au quatorze juillet, un plaisir populaire, tout à fait étonnant, voire perturbant sachant que le peuple n’existe plus, qu’il n’y a plus désormais que des consommateurs, des clients, des michetons oserais-je préciser. Quel plaisir peut-on bien trouver à beugler de concert ou à s’écraser mutuellement les pieds. C’est justement la part du feu prévu pour qu’aucun incendie ne se déclare et emporte le pouvoir ad pâtres. Des plaisirs de pacotille pour un peuple de pacotille crée par un pouvoir de pacotille.
Alors que parallèlement un autre monde existe. Sans torture, sans morale, sans pouvoir ni oppression. Un monde où seul le plaisir sa recherche sans fin éduquerait l’humanité, l’entraînerait vers une créativité incessante, où les relations humaines seraient d’autant plus simples qu’elles ne se borneraient pas uniquement à la seule position de la levrette, position naturelle et animale. Oui il faudrait repartir de là, de cette violence naturelle commise la plupart du temps honteusement douloureusement, l’accepter en tout premier lieu comme brique première, puis s’améliorer peu à peu revisiter le kamasutra, les vieux traites tantriques et bien sûr en créer de nouveaux adaptés aux temps nouveaux recréer ainsi l’illusion d’un progrès pour flatter l’esprit, et avec un peu de chance enfin effleurer l’âme, la chatouiller plaisamment, lui offrir enfin une chance d’expérimenter l’orgasme ou comme on disait jadis la béatitude.