Avant, après

« le voyageur doit reconnaître que la magnificence et la prospérité de Maurillia maintenant qu’elle est devenue une métropole, si on les compare à ce qu’était la vieille Maurillia provinciale, ne compensent pas une certaine grâce perdue, laquelle cependant ne peut se goûter qu’à présent sur les vieilles cartes postales, tandis qu’auparavant, avec sous les yeux la Maurillia provinciale, on ne voyait à vrai dire rien de cette grâce, et on en verrait aujourd’hui moins que rien, si Maurillia était restée telle quelle, et en tout état de cause la métropole a cet attrait supplémentaire, qu’au travers de ce qu’elle est devenue on peut repenser avec nostalgie à ce qu’elle était. »

Extrait de
Les villes invisibles
Calvino, Italo

Idem pour un état sans douleur et un état avec douleur. Que ce soit une rage de dent, une entorse à la cheville, l’ensemble, cet accablement fortuit. l’état souffrant n’incite t’il pas à rêver tout à coup de pouvoir retrouver l’état précédent. On ne prend jamais suffisamment la mesure du bonheur de ne rien ressentir de fâcheux. Et aussitôt sorti de chez le dentiste, de l’hôpital, tout recommence exactement comme avant. On trouve sujets à se plaindre à maugréer, on oublie.

Se souvenir, oublier, l’alternance… une façon de ne pas voir l’immanence. C’est quoi, l’imminence, un petit poisson passe, un plus gros le mange. Cela se passe à chaque instant. Pas de quoi fouetter un chat. Mieux, snober l’immanence, s’en foutre. Plaisir de triturer une dent qui fait mal.

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