
Confronté à l’impression du déjà-vu je m’en détourne, je l’esquive, je m’enfuis. Il y a une lassitude qui naît aussitôt. Un accablement. Et qui souvent dure encore une fois que j’ai fait volte-face. Parfois cette fatigue peut se reprendre sur une bonne partie de la journée. C’est une des raisons pour lesquelles j’évite les groupes, que je préfère être seul. Stratégie crée par la çroyance que ce déjà-vu provient de l’extérieur. Pourtant il y a aussi des moments où se représente quelque chose ou quelqu’un, une image, une voix, une musique et qui font naître soudain la joie. Paradoxe du déjà-vu. Il y a aussi ce sentiment de vertige provoqué par la sensation de revivre une scène déjà vécue. Il est même souvent possible d’anticiper à cet instant les événements, les phrases, et même une émotion que l’on a déjà vécue. Selon les scientifiques le conscient serait en retard sur les informations captées par l’inconscient et produirait ainsi cette redite. Mais comment le conscient reconstruit cette ensemble d’informations captées en toute inconscience, selon quel plan, on ne le sait pas vraiment. Peut-être pour des raisons pratiques possède t’il un certain nombre préétabli de plans de construction face à une situation donnée. Peut-être les reproduit-il inlassablement. Peut-être que cet lassitude provient alors de la tristesse éprouvée de ne posséder au final que très peu de possibilités pour faire face a n’importe quelle situation. Une pauvreté si l’on veut dont on se désespère. Mais cette désespérance n’est-elle pas aussi un plan préétabli, une sorte de facilité, une paresse. Le fait que cette lassitude surgisse de plus en plus fréquemment avec l’âge est un constat que j’effectue ce matin. Peut-être est-il encore temps d’inverser la vapeur. De s’entraîner face à telle ou telle situation d’écarter l’impression première de déjà-vu. D’obliger ainsi l’organe à créer de nouvelles connexions neuronales . Il paraît que la plasticité du cerveau ne s’interrompt jamais vraiment, sauf une fois mort. Peut-être qu’à cet instant ultime nous avons possibilité de percevoir ce réseau grillagé du conscient, le traverser, enfin prêt pour affronter l’inédit du néant.